Conférence présentée à la Mairie du 15e arrondissement de Paris dans le cadre du 10e salon de généalogie organisé par Archives & Culture.
Cette conférence présente le guide "Allemagne et généalogie" publié par Sandrine Heiser en septembre 2023.
Elle fournit les repères indispensables pour appréhender l'histoire
complexe et instable de l'Allemagne.
Elle présente les sources françaises et allemandes
permettant d’accompagner le généalogiste dans sa quête d’ancêtres
de part de d'autre du Rhin.
La conférence offre une vision d’ensemble des principaux documents
généalogiques et de leurs lieux de conservation en France et en Allemagne,
facilitant ainsi l’accès à des archives dont la graphie et la langue ont trop
longtemps réservé ces recherches à des chercheurs aguerris.
Retrouver ses ancêtres allemands de part et d'autre du Rhin
1. Retrouver ses ancêtres allemands
de part et d’autre du Rhin
Sandrine Heiser (16 mars 2024)
2. Des Allemands en France à la
recherche familiale en Allemagne
Des frontières
mouvantes
Les Allemands en
France
La recherche
familiale en
Allemagne
Des histoires
allemandes
Sites
institutionnels et
généalogiques
Josef Nebel
(PGA)
Caspar David Friedrich, Le voyageur au-dessus de
la mer de nuages, Hamburger Kunsthalle
3. À partir du Moyen Âge, les
frontières des multiples
territoires allemands –
constitutifs d’un monde
germanique – ont été
mobiles et flottantes.
Nombreux sont ceux dont
les ancêtres ne vivaient pas
à l’intérieur de l’actuelle
Allemagne mais étaient
néanmoins Allemands !
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/c/c2/HRR.gif/220px-HRR.gif
Des frontières
mouvantes
4. C’est quoi
être
allemand ?
Il faut bien avoir à l’esprit les bouleversements géopolitiques des siècles
passés qui de conflits en paix précaires et de périodes d’occupation en
expulsions ont redessiné la carte de l’Allemagne d’aujourd’hui et déplacé à
de multiples reprises les frontières et les hommes
Ce qui lie les habitants de cette mosaïque territoriale, c’est essentiellement
la langue allemande. celle que Luther a utilisée pour traduire la Bible en se
mettant à la portée de tous ; un patrimoine devenu commun à tous les
Allemands.
5. Un philosophe allemand de Kaliningrad
Né en 1724 à Königsberg (capitale
de la Prusse-Orientale et l’une des
principales villes de l'Empire
allemand), le philosophe Immanuel
Kant ne s’est jamais déplacé à plus
de 15 kilomètres de chez lui et est
enterré dans sa ville natale,
aujourd’hui russe, l’enclave de
Kaliningrad.
Je pourrais aboutir au même
constat pour mes ancêtres nés au
début du XVIIIe siècle dans le
duché de Lorraine, devenu français
en 1766… puis intégrés au nouvel Empire d’Allemagne en 1871…
7. Les livres de famille
locaux
Ortfamilienbuch (OFB)
L’Allemagne est une nation
d’émigration qui connaît
d’importantes migrations intérieures,
déjà dans la seconde moitié du XIXe
siècle où près de cinq millions
d’Allemands migrent d’est en ouest.
C’est pourquoi il est indispensable de
bien situer le lieu de vie de vos
ancêtres car il peut se trouver
aujourd’hui hors des frontières
actuelles du pays.
Il existe des OFB pour d’anciens territoires, comme le Banat, la
Prusse orientale, la Poméranie, la Silésie, la Bohême-Moravie,
etc.
10. Le site institutionnel des Archives nationales offre des réponses aux questions
les plus fréquentes à partir de la rubrique « Faire une recherche »
11.
12. Les Archives nationales conservent à
Pierrefitte-sur-Seine :
• De 1789 à 1930 : 700 000 dossiers de
demande de naturalisation (sous-série
BB/11)
• De 1931 à 2012 : des millions de
dossiers (versements en cotation
continue)
Pour retrouver un dossier de demande de
naturalisation, il faut procéder par étapes
et connaître la date d’acquisition de la
nationalité.
Selon les périodes, les méthodes sont
différentes pour trouver :
1) le numéro du dossier ;
2) la référence (« cote ») sous laquelle les
Archives nationales conservent ce dossier.
13.
14.
15. Une clé d’accès
unique pour les
dossiers ouverts
entre 1789 et 2012
Grâce à un instrument de
recherche de
regroupement publié en
2022, les internautes
peuvent désormais
accéder directement à la
cote cliquable pour
l’ensemble des fonds,
répartis en quatre
ensembles.
Ils peuvent ainsi formuler pour le dossier
correspondant une demande de consultation
par extrait, de reproduction ou de
dérogation.
16. Une petite subtilité
dans le mode de
consultation
• De 1789 à 1832 : la
consultation se fait par
cote.
• À partir de 1832, la
communication se fait
par extrait (le dossier est
extrait du carton), donc
de façon différée.
19. Des territoires
annexés en 1871
Sur tout le territoire, on retrouve
aujourd’hui la trace des
Allemands qui ont, pour des
raisons multiples et variées, foulé
le sol français. Mais dans
les départements annexés en
1871, les sources produites
pendant la période du Reichsland
offrent des perspectives de
recherche encore bien plus
larges.
On retrouve notamment en série D sur le site de Strasbourg les recensements de 1880 et 1885,
également accessibles en ligne (https:// archives.bas-rhin.fr/recensements-population/)
20. Triage et expulsion
des indésirables !
Après la Première Guerre
mondiale et le retour de ces
territoires à la France, les
expulsions d’Allemands
indésirables commencent en
décembre 1918 et se
poursuivent par vagues
jusqu’en 1924.
Les archives relatives aux
liquidations des biens sont à
rechercher aux Archives
d’Alsace en série AL.
21.
22. • Dans les communes d’Alsace et de Moselle
intégrées au Reichsland, les sources sont
différentes de celles utilisables en France à la
même période et les complètent.
• C’est le cas également pour les musées et les
bibliothèques, notamment à la bibliothèque
nationale universitaire de Strasbourg où la
culture allemande occupe une place centrale
25. Les archives militaires
conservent de nombreuses
ressources sur les
Allemands
Parmi les militaires admis à l’hôtel des Invalides de 1673 à 1796,
environ 10 % sont originaires du Saint-Empire romain germanique.
En saisissant « Allemagne » dans la barre de recherche du site
www.hoteldesinvalides.org/ on obtient plus de 15 000 résultats
parmi les 157 181 pensionnaires indexés
26. Pour la Grande Guerre, on retrouve au SHD-Caen
un fichier original des militaires allemands
capturés par les forces alliées et internés en
France (AC 39 N).
Les 500 000 fiches sont classées
alphabétiquement et permettent de retracer le
parcours en captivité jusqu’à la libération ou le
décès. Elles renseignent en outre sur l’état civil,
l’unité, le grade, les blessures et le cas échéant
l’adresse de la famille.
Les prisonniers de guerre
allemands en France
27. Presque un million de prisonniers de guerre
allemands sont détenus en France après la
Seconde Guerre mondiale
On retrouve au SHD-Vincennes les
archives de la direction générale
des prisonniers de guerre de l’Axe
(GR 29 R) qui contiennent
quelques dossiers individuels.
Les archives des dépôts sont
conservées quant à elles dans la
sous-série GR 7 U qui renferme de
nombreuses photographies et
illustre la vie quotidienne des PGA
derrière les barbelés.
32. Les dossiers nominatifs des
enfants nés de mères allemandes
Aujourd’hui conservées sur deux sites, La
Courneuve et Nantes, les archives du ministère de
l’Europe et des Affaires étrangères ont longtemps
disposé d’un troisième centre à Colmar, dédié à
l’occupation française en Allemagne et en Autriche
et regroupant les sources produites depuis l’année
zéro jusqu’à la réunification allemande.
Fiche de Michael Martin se rapportant à des
dossiers d’enquête sur les enfants nés de
ressortissants des Nations unies dits « Additif III »
(Archives diplomatiques, La Courneuve. 5PDR414)
34. Bien délimiter la période
• Les enregistrements des baptêmes, des
mariages et des décès se développent dans
les paroisses à la suite du concile de Trente et
sont introduits dans tout le pays à partir de la
seconde moitié du XVIIe siècle.
• Après 1876, l’état civil prend officiellement la
suite des registres paroissiaux partout en
Allemagne. Tenu en deux exemplaires, il est
versé aux archives communales lorsqu’il
devient communicable et peut être consulté
en salle de lecture.
Le 2e exemplaire est en principe conservé dans les services de l’État. On retrouve ainsi à
Sarrebruck-Scheidt, l’acte de naissance de Max Ophüls (Landesarchiv Saarland, PSR 4907)
35. • Le portail Ancestry propose
une page dédiée aux
recherches généalogiques en
Allemagne qui liste les
collections de documents et
les ressources numériques
permettant de retrouver plus
facilement ses ancêtres
allemands.
• De nombreux actes numérisés
peuvent y être recherchés sur
abonnement sur le site
www.ancestry.de ou
gratuitement en salle de
lecture des services d’archives
partenaires, en fonction de la
date de signature du contrat et
le cas échéant de la durée
d’exclusivité.
36. • On trouve sur le site Ancestry
le mariage (Trauung) du maître
de la peinture romantique
allemande, Caspar David
Friedrich, avec Christiana
Carolina Bommer, célébré le 21
janvier 1818.
• Outre les prénoms, nom,
profession et lieu de résidence
de la mariée ou du marié,
l’acte mentionne des
informations sur le(s) père(s)
des époux, Adolph Gottlieb
Friedrich dans notre exemple
37.
38. Des carnets d’adresses
imprimés aux annuaires
téléphoniques
Avant de partir en quête des
registres de population et autres
fichiers domiciliaires, il est
recommandé de consulter les
carnets d’adresses imprimés, puis
les annuaires téléphoniques. Cette
source historique et généalogique
de premier plan couvre une
période chronologique très vaste,
remontant au XVIe siècle pour
certaines villes comme Augsbourg.
39. Les dossiers d’indemnisation
• À titre d’exemple, les Landesarchiv
Saarland conservent dans le fonds
Landesentschädigungsamt (LEA) un dossier
concernant la demande formulée par
Moritz Schauder en janvier 1957 (LEA
5365).
• Natif de Sarrebruck, cet industriel sarrois
s’est enfui en France au début de l’année
1935 et s’est marié à Reims en 1940 avec
Marguerite Catherine Kunzler comme en
atteste une pièce du dossier.
• On y trouve également un extrait d’acte de
naissance ainsi qu’un certificat de domicile
précisant l’adresse de l’intéressé et de son
épouse.
40. Il peut être
utile de
commencer
par la fin !
Les actes de décès sont librement communicables après un délai plus
court que les autres documents d’état civil (30 ans) ce qui permet de
disposer d’un plus grand nombre de données déjà en ligne, comme les
avis de décès publiés dans les rubriques nécrologiques.
Les registres paroissiaux et l’état civil sont loin d’être les seules traces des
décès et on retrouve notamment des registres mortuaires dans les
hôpitaux.
41. Les listes
des pertes
militaires
Une grande variété de sources peut renseigner sur les causes de la mort
d’un ancêtre allemand. Pour les périodes de guerre, on retrouve en ligne de
nombreuses listes des pertes militaires (Verlustlisten).
• Pendant la Première Guerre mondiale, 1 300 soldats allemands meurent
en moyenne chaque jour, auxquels il convient d’ajouter 800 000 morts
civils.
• En 1945, plus de 10 % de la population allemande a été tué ou a disparu,
soit près de huit millions de personne.
42. Le cimetière
militaire allemand
de La Cambe
21 222 soldats allemands
tombés de juin à août 1944 lors
de la bataille de Normandie sont
enterrés dans le nord-ouest du
Calvados.
43. Y sont inhumés des nazis tristement
célèbres comme Adolf Diekmann
responsable du massacre d'Oradour-
sur-Glane ou encore Michael Wittmann
chef de char allemand de la Seconde
Guerre mondiale.
44. Walter
Ackermann,
tué par un
tir ami
Né le 19 octobre 1911 à
Magdebourg, le sous-officier
Ackermann se rend le 6 juin 1944
aux troupes britanniques. Il meurt le
22 juin 1944 dans le bombardement
allemand du camp de PG de Saint-
Laurent, dans sa 33e année.
Plus de 80 % des soldats allemands
n'avaient pas 20 ans.
Archives privées de
Manfred Ackermann
46. Chaque histoire est unique !
Chaque État dispose de sa propre loi sur les archives, ArchivGesezt, votée et mise en application par les
instances régionales, et d’une organisation qui reflète les multiples évolutions territoriales du pays
L’école de Marburg consacre une page sur son site Internet pour récapituler l’ensemble des textes légaux
consacrés au droit des Archives en Allemagne, classés par Länder
47. À Brême, la société généalogique
Gesellschaft für Familienforschung e.V.
Bremen, aussi connue sous le nom Die
Maus [la souris], a pignon sur rue et
offre de nombreuses ressources en
ligne et dans ses locaux.
48. Archives de
l’armée bavaroise
(Abteilung IV – Kriegsarchiv)
Les généalogistes abonnés à Ancestry connaissent les fonds conservés
par les Archives de l’État de Bavière grâce aux « listes des personnels
de l’armée bavaroise » durant la Première Guerre mondiale.
Mais les documents qui se trouvent Leonrodstrasse 57 couvrent une
période bien plus vaste, éclairant l’histoire militaire bavaroise de la
guerre de Trente Ans à 1919.
51. Sites institutionnels et autres ressources en ligne
Pour retracer l’histoire familiale allemande, il existe de
nombreuses ressources en ligne et des portails de
généalogie proposant des offres sur abonnement et
quelques collections gratuites.
Les sites institutionnels accessibles à partir
d’Archivportal-D et les bases de données proposées
par CompGen restent incontournables.
La bibliothèque numérique allemande (DDB) offre un
accès au patrimoine culturel et scientifique numérisé
de l’Allemagne. La DDB remplit à la fois les missions de
Gallica au niveau européen et de FranceArchives à
l’échelle du pays.
54. Portails généalogiques et
accès payant
Les portails web détiennent les
plus grands réservoirs de données
généalogiques ainsi que des pages
dédiées aux collections
allemandes.
Ces plateformes offrent des
ressources indispensables aux
généalogistes mais, à la différence
des sites institutionnels, il faut le
plus souvent payer un
abonnement ou, dans le cas
d’Archion, un forfait.
55.
56.
57.
58. On retrouve la trace du
Stabsgefreiter (caporal) Josef
Nebel aux Archives
départementales de la Moselle
dans les archives des évadés de
1948 et des informations
complémentaires à Berlin, au
département des Archives
fédérales (Bundesarchiv) dédié aux
recherches personnelles (Abt. PA)
qui se trouvent au Nord de la
capitale (Am Borsigturm 130) dans
les anciens bureaux Motorola.
59. Service historique de
la Défense
(SHD, GR 7 U 2566)
On retrouve à Vincennes les archives des dépôts
(sous-série GR 7 U) qui renferment de
nombreuses photographies et qui illustrent la vie
quotidienne des PGA derrière les barbelés.
Comme les Artistes et orchestre “Die Spatzen”
du dépôt 212, extrait d’un album du camp de
PGA de Saint-Avold couvrant les années 1945-
1946.
60. Grâce au document retrouvé
à Saint-Julien-lès-Metz, je
disposais d'éléments suffisants
pour poursuivre mes
recherches à Berlin.
Un formulaire disponible en ligne permet de
faire une demande de recherche sur
un militaire des deux conflits mondiaux parmi
les documents conservés aux Archives
fédérales (Bundesarchiv).
Plus la demande est précise, plus rapide sera la
recherche et plus faible sera le coût. Mais à
partir des seuls noms, prénoms et date de
naissance, il est déjà possible de retrouver
pléthore d’informations
61. J'ai appris que Josef Nebel était né à Hausen en Bavière ainsi que le nom de son
père et de jeune fille de sa mère. Qu'il s'était marié le 4 juin 1938 et que son
épouse était domiciliée à Elsenfeld.
Il était tonnelier de profession et de religion catholique.
Il avait été fait prisonnier le 9 mai 1945 à Narvik en Norvège et son dernier lieu
de détention était le dépôt 212 à Saint-Avold dont il s'était échappé le 28 mars
1948 avec la complicité de mes grands-parents.