3. Le dithyrambe (avant -
500av.J-C)
Le dithyrambe : est un hymne religieux chanté par un chœur
d’hommes accompagné d'un aulos (hautbois double) et d'une danse
représentant à l'origine l'emprise de Dionysos sur les hommes.
Euterpe (muse)
Euterph, "l'Agréable"
Présidant la Musique Instrumentale, on la représente
souvent jouant de la double-flûte (aulos en grec) derrière le
cortège de Dionysos. Souvent couronnée de fleurs, elle
préside également les fêtes et cérémonies divertissantes.
On lui attribue l'invention du dithyrambe, source stylistique
de la tragédie grecque.
4. L’Antiquité, premiers auteurs,
premiers acteurs.
En l’an -534, Thespis associa au chœur (qui chantait des dithyrambes à la gloire
des héros grecs) un unique acteur (le protagoniste) qui jouait tous les rôles. À
partir d’Eschyle, il y eut un deuxième interprète, puis Sophocle en fit intervenir
un troisième. Les personnages et le chœur (tous masculins) étaient alors
masqués
Portrait de l'acteur Euiaon
dans Andromède de Sophocle.
Vers 430 av. J.-C.
Sophocle (495 av. J.C.-406 av. J.C.),
8 de ses 122 pièces nous sont parvenues
5. Le théâtre latin
Ensuite, le théâtre latin se tourne davantage vers la farce et le mime. À
l’époque romaine, les représentations étaient jouées dans un théâtre,
d’architecture légèrement différente du théâtre des Grecs. Il était
construit selon les cités sur un espace plat, ou au dos d’une colline. Les
acteurs sont désormais maquillés au lieu de porter un masque.
Pourvu de 6 000 places, le Théâtre antique d'Amman, construit entre 138 et 161 après J.-C.
par l'empereur Antonin le Pieux, est l'un des plus grands de Jordanie.
6. Un genre qui peine à s’imposer
Suit la période des débuts du christianisme où le théâtre est
violemment critiqué par les théologiens (Tertullien le qualifiera de
démoniaque dans son Des spectacles, Augustin d'Hippone en
critiquera l’attrait pernicieux), et les comédiens sont excommuniés
(dès le concile de Carthage, en 398)
Tertullien (vers 150-220),
écrivain converti au christianisme
Mosaïque de la Maison du Poète
tragique,
à Pompéi, vers 'an 70.
7. Le drame liturgique, le haut moyen âge
Le drame liturgique apparaît dans les églises vers l'an mille. Ce sont d'abord de
courtes questions suivies de courtes réponses, en latin, puis on y intercale de
courtes pièces dont les sujets sont empruntés à l'Ancien et au Nouveau Testament
ou à la vie des saints. Évoluant peu à peu, le drame liturgique se joue, au milieu du
XIIe siècle, sur le parvis de l'église, dans ses propres décors. Le drame, né des
cérémonies religieuses, devient divertissement.
On trouve en 1514 une forme absolue de drame liturgique à Bolzano avec près
d'une centaine d'« acteurs ».
Le théâtre religieux est donc un moyen d’éduquer
une population qui ne sait ni lire ni écrire
8. Les jongleurs : le théâtre
ressuscité
Jusqu’au XIIe siècle, les « jongleurs » sont des artistes professionnels itinérants qui chantent ou
récitent des œuvres littéraires ou de la poésie, composées par les troubadours et trouvères,
dans les palais, les cours seigneuriales, sur les places publiques, dans les rues, les foires et
marchés.
Sainte Cécile, Tiburce et Valerien,
enluminure pour un manuscrit de 1463, BNF
9. XIV° siècle : hétérogénéité des
genres théâtraux
du XIVe au XVe siècle on voit apparaître ou se développer de nouveaux genres théâtraux : farces, soties,
moralités, mystères.
1. Farces :ont comme but de faire rire et ont souvent des caractéristiques grossières : La Farce de Maître
Pathelin.
2. Soties :désigne une pièce politique, ou d’actualité.
3. Moralités : Elle met en scène des personnages allégoriques, représentant les vices et vertus des
hommes ainsi que les défauts de la société ; le thème central est l’antagonisme entre Bien et Mal.
4. Mystères : succession de tableaux animés et dialogués écrits pour un public très large, mettant en
œuvre des histoires et des légendes dont l'imagination et la croyance populaire s'étaient nourries. Le
surnaturel et le réalisme s'y côtoyaient. La Passion du Christ était un de ses sujets traditionnels.
10. La fin du théâtre médiéval : la
renaissance
La Renaissance voit naître la volonté des souverains de mieux contrôler les divertissements
populaires subversifs, notamment les sotties qui ridiculisaient régulièrement les membres de la
famille royale et de l’Église
L’ Eglise interdit les mystères, en 1548.
tous les types de comédies furent interdits par édit du Parlement de Paris de 1588 à 1594.
la farce continua d'exister sous des formes plus ou moins clandestines.
Henri II, assiste à Lyon à la
première « tragédie
réguliére » en 1548.La
Calandria est une comédie
humaniste écrite par le
cardinal Bernardo Dovizi da
Bibbiena vers 1513Henri II (d'après François Clouet, 1559)
11. Le théâtre populaire survit pourtant
Le combat de Carnaval et de Carême,
Brueghel l’ancien, 1559
12. XVI° siècle : la Pléiade
Ce mouvement littéraire émane d'un groupe de poètes dont l’ambition est de faire reculer le
« Monstre Ignorance » par la diffusion de la culture antique.
Il s’agit d’enrichir la langue (néologismes) et de la diffuser.
La Pléiade participe ainsi au développement ainsi qu'à la standardisation du français et joue un
rôle majeur dans l’œuvre d'« illustration de la langue française », dans la renaissance littéraire.
Pierre de Ronsard
peinture de l'Ecole de Blois - XVIe siècle.
Portrait de Joachim du Bellay,
« gentil-homme angevin ».
13. Joachim Du Bellay (1522-1560)
Ruines du château de Liré
où vécut Joachim du
Bellay et qu'il mentionne
dans son sonnet Heureux
qui, comme Ulysse […]
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme celui-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison,
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ?
Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,
Que des palais romains le front audacieux,
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine,
Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la douceur angevine.
14. Pierre de Ronsard (1524-1585)
Le Château de la
Possonnière où est né
Pierre de Ronsard le 10
septembre 1524
À CASSANDRE
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vesprée,
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.
Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place
Las! las! ses beautés laissé choir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puis qu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vôtre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
Ronsard (1524, Vendômois) Odes, I,17
15. William Shakespeare (1564-1616)
Unique portrait reconnu de William Shakespeare
un des plus grands poètes, dramaturges et
écrivains de la culture anglaise. Il est réputé pour
sa maîtrise des formes poétiques et littéraires,
ainsi que sa capacité à représenter les aspects de
la nature humaine.
Sarah Bernhardt (1844-1923)
dans Hamlet en 1899
16. Le XVII° siècle : le théâtre
classique
« Qu'en un jour, qu'en un lieu, un seul fait accompli / Tienne jusqu'à la fin le théâtre
rempli. »
Ces deux vers de Boileau résument la fameuse règle des trois unités : l'action doit se dérouler
en vingt-quatre heures (unité de temps), en un seul lieu (unité de lieu) et ne doit être constituée
que d'une seule intrigue (unité d'action).
Nicolas BOILEAU
(1636-1711)
Pierre Corneille (1606-1684)
dramaturge et poète français du XVIIe siècle.
Le Cid, 1637
17. MOLIERE (1622-1673)
Louis XIV invite Molière à partager son souper
par Jean-Léon Gérôme (1862). Cette
anecdote sans fondement historique illustre la
faveur réelle dont jouissait Molière auprès du
roi.
dramaturge, comédien et chef
de troupe de théâtre français
qui s'est illustré au début du
règne de Louis XIV.
Crispin et Scapin
peinture d'Honoré
Daumier, XIXe siècle
19. Les registres théâtraux
Registres Origine des
personnages
Époque Exercice de
la liberté
Ton de la
pièce
Dénouement Réactions
des
spectateurs
Exemple
Tragédie Haute noblesse Historique,
antique ou
biblique
Fatalité Tendu Triste Pitié mais
admiration
Roméo et
Juliette,Phèdre
de Racine
Tragi-
comédie
Noblesse ou
haute
bourgeoisie
(seconde
moitié
XVI
e
- XVII
e
sièc
le)
Hasard,
liberté
Tendu Heureux Sympathie Le Cid de
Corneille
Comédie
d'intrigue
Noblesse,
bourgeoisie
Contemporaine
à celle de
l'auteur
Obstacles
individuels
Enlevé ou
tendu
Heureux Sympathie Les Fourberies
de Scapin de
Molière
Comédie de
mœurs
Bourgeoisie Contemporaine
à celle de
l'auteur
Poids de la
société
Joyeux,
parfois tendu
Heureux Moquerie
envers les
ridiculisés
Turcaret de
Lesage
Comédie de
caractère
Bourgeoisie Contemporaine
à celle de
l'auteur
Emprise du
caractère
Joyeux,
parfois tendu
Heureux Moquerie
envers les
ridiculisés
Le
Misanthrope
de Molière
satire Peuple Moyen Âge Obstacles
légers
Comique
gestuel
Heureux Rire La farce de
maître Pathelin
(1457)
20. Le XVIII° siècle : le théâtre fait sa
révolution
des renouvellements plus profonds apparaissent avec les tragédies de Voltaire (1694-1778) qui
introduit des sujets modernes en gardant la structure classique et l’alexandrin (Zaïre, Mahomet)
et qui obtient de grands succès. La censure est toujours active comme en témoignent, sous
Louis XVI, les difficultés de Beaumarchais pour son Mariage de Figaro.
Voltaire (1694-1778)
Portrait de Voltaire d'après Quentin de La Tour
(vers 1736)
Portrait de Beaumarchais (1732-1799)
par Jean-Marc Nattier (1755)
Le Mariage de Figaro:
« Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur ».
21. La commedia dell'arte
est un genre de théâtre populaire italien où des acteurs masqués improvisent des comédies marquées par la
naïveté, la ruse et l'ingéniosité. Ce genre est apparu avec les premières troupes de comédie avec masques, en
1528.
Le XVIII°, c’est le retour des comédiens italiens.
Ils attirent les foules et inspireront Marivaux
Marivaux (1688-1763)
Arlequin et Colombine
par Edgar Degas, vers 1884.
22. L’apparition de nouveaux genres
Le théâtre du XVIIIe siècle est marqué aussi par des genres nouveaux, aujourd’hui
considérés comme mineurs mais que reprendra et transformera le XIXe siècle,
comme la comédie larmoyante et le drame bourgeois qui mettent en avant des
situations pathétiques dans le contexte réaliste de situations dramatiques qui
touchent des familles bourgeoises.
le développement de genres qui associent
texte et musique comme le vaudeville ou l’opéra comique
23. Le XIX° siècle : le romantisme
le drame romantique s’impose dans cette période qui ne veut plus d'histoires
réservées à un public bourgeois. Victor Hugo est alors le principal auteur du
drame romantique. Son style d'écriture déclenche une guerre d'opinion entre
certains classiques et certains modernes appelée Bataille d'Hernani.
Le drame de Victor Hugo, Hernani, est créé à la
Comédie-Française le 25 février 1830.
Pressentant un climat hostile, les amis de Hugo
décident d’aller soutenir la pièce le premier soir
pour s’opposer aux tenants d’un théâtre
traditionnel. À la tête de ce mouvement se trouve
Théophile Gautier, en gilet rouge – c’est lui qui
témoignera de cette soirée tumultueuse dans son
Histoire du romantisme. Il est accompagné de
Balzac, Nerval, Berlioz… Leur groupe a fort à faire
dès le début de la représentation.
24. Victor Hugo (1802-1885)
Portrait de Victor Hugo par Nadar.
poète, dramaturge et prosateur
romantique considéré comme l’un
des plus importants écrivains de
langue française. Il est aussi une
personnalité politique et un
intellectuel engagé qui a joué un
rôle majeur dans l’histoire du
XIXe siècle.
25. La censure et Alfred de Musset
La censure (rétablie en 1793 sous la Terreur) guette et Alfred de Musset ne peut pas
faire représenter ses pièces sur scène car celles-ci pourraient paraitre trop
choquantes. Il décide donc d'écrire des pièces à lire et à imaginer. Ces pièces sont
pour la plupart des proverbes, c'est-à-dire des pièces dont le titre est un proverbe
bien connu de l'époque (par exemple, On ne badine pas avec l'amour, 1834 et Il ne
faut jurer de rien, 1836 et dont l'intrigue doit être un commentaire de ce proverbe
Portrait de Musset (1810-1857)
par Charles Landelle
26. Fin XIX° siècle : Le drame naturaliste
une peinture de la vie ouvrière ou artisanale la plus précise possible, les histoires sont très souvent
des adaptations de romans d'auteurs naturalistes comme Émile Zola
Portrait d'Émile Zola
par Édouard Manet, 1868
Alfred Dreyfus (1859 –1935), est un
officier français victime, en 1894, d'une
erreur judiciaire qui est à l'origine d'une
crise politique majeure des débuts de la
IIIe République, l'affaire Dreyfus (1894–
1906). Durant ces années de trouble,
une large partie de l'opinion française
se divise entre dreyfusards et anti-
dreyfusards.
27. La concurrence de la société du
spectacle
Entre 1800 et 1900, 32 000 pièces ont été représentées à Paris
Paris compte alors une quarantaine de salles et près de 200 cafés-concerts, au point qu'on peut
parler de « dramatocratie », le théâtre participant à la fabrication de l'opinion publique
comme les journaux.
À partir du Second Empire, le théâtre est néanmoins concurrencé par la société du spectacle
(cabaret, spectacle sportif)
Bar du Folies Bergère, Manet
Débuts du football et du rugby
28. Début du XX° siècle : survivre au
cinéma
Auguste et Louis Lumière.
La première projection publique des Lumière a lieu le 28
décembre 1895 au Salon indien du Grand Café de l'hôtel
Scribe, 14 boulevard des Capucines à Paris, présentée
par Antoine Lumière devant trente-trois spectateurs. Le
prix de la séance est fixé à 1 franc.
29. Le renouveau de la tragédie grecque
Jean Cocteau en 1923. Giraudoux vers 1927 Jean Anouilh
Electre, Jean Giraudoux, 1937