SlideShare a Scribd company logo
1 of 6
Download to read offline
NFID / Décembre 2015 Page 1/6
L’intelligence économique
dans les entreprises du Nord-Pas de Calais
L’enquête sur les pratiques d’intelligence économique des entreprises du Nord – Pas de Calais a été
lancée dans le cadre de la Stratégie Régionale de l’Intelligence Economique. Elle a pour objectifs de
recueillir et d’analyser les pratiques d’intelligences économiques des entreprises du Nord – Pas de
Calais, d’identifier les freins, d’apprécier les progrès à accomplir dans ce domaine, et de comprendre
leurs besoins et leurs attentes pour mieux les accompagner.
L’enquête a été réalisée par NFID entre juin et septembre 2015. Un questionnaire a été envoyé par e-
mailing à une cible d’entreprises « à fort potentiel d’innovation » (cible de 4460 entreprises constituée
à partir d’indicateurs financiers et d’accompagnement), suivi d’une relance téléphonique. 439
entreprises, soit près de 10% de la cible, ont répondu à l’enquête. Les entreprises de moins de 50 salariés
représentent la majorité des réponses.
Dans un contexte de mondialisation et de
concurrence exacerbée, l’intelligence
économique est une nécessité vitale pour
améliorer la compétitivité des entreprises,
soutenir la croissance et l’emploi. L’intelligence
économique consiste en la maîtrise et la
protection de l’information stratégique utile au
développement de l’organisme qui la détient1
.
Elle englobe la définition de la stratégie
déterminée par la connaissance de
l’information pertinente et la mise en œuvre de
cette stratégie2
.
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT ET RESSORTS
DES PROJETS INNOVANTS
78% des entreprises interrogées déclarent
avoir une stratégie de développement. Pour
43% des entreprises cette stratégie est
clairement définie. 35% des entreprises
déclarent que leur stratégie mériterait d’être
approfondie et 21% n’en ont pas.
L’objectif prioritaire de leur stratégie est le
développement commercial à 51%, suivi de
l’innovation (23%), de la performance interne
(12%) et de l’international (8%). Le contexte
économique actuel (concurrence, instabilité,
incertitude) peut expliquer la propension au
développement commercial des entreprises
répondantes.
L’analyse des clients (46%), l’anticipation des
évolutions de marché (40%), et l’évolution des
règlementations (20%) sont les principaux
ressorts des projets innovants des entreprises
interrogées. Un lien fort existe entre
l’innovation et l’intelligence économique.
PRATIQUE DE L’INTELLIGENCE ECONOMIQUE
Plus d’une entreprise sur deux déclare ne pas
pratiquer l’intelligence économique (56%),
essentiellement par manque de temps (36%),
de ressource interne (19%) et en raison du
caractère abstrait de la notion. (33%). A la
lecture des verbatim, on constate que la notion
reste obscure pour de nombreuses entreprises
interrogées, et que le discours autour de
l’intelligence économique est trop
décembre 2015
NFID / Décembre 2015 Page 2/6
« institutionnel » et peu adapté aux
entreprises.
FINALITES DE L’INTELLIGENCE ECONOMIQUE
Pour 35% des entreprises, l’intelligence
économique permet de mieux comprendre et
d’anticiper les besoins des clients. Les
entreprises du Nord-Pas de Calais placent la
performance commerciale et l’innovation en
tête des finalités de l’intelligence économique.
La stratégie et la protection de leur
patrimoine n’arrivent qu’en second plan.
Finalités de l’intelligence économique
Seule 1 entreprise sur 4 consacre un budget
spécifique pour les actions de veille et
d’intelligence économique. En majorité, ce
budget est inférieur à 10 000 € (66% d’entre
elles).
LA VEILLE3
6 entreprises sur 10 déclarent avoir mis en
place une démarche de veille. La veille
technologique (53%) et la veille
concurrentielle et marketing (51%) sont les
plus pratiquées. Suivent, à parts égales, la
veille juridique et réglementaire (31%) et la
veille commerciale (31%). La veille d’image et
d’opinion (également appelée « e-
réputation ») est citée par 19% des entreprises.
Informations recherchées
Parmi les entreprises pratiquant la veille, 71%
le font continuellement. 28% considèrent la
veille comme une activité vitale, et 36%
comme une activité très importante.
Importance accordée à la veille pour l’activité des
entreprises
Dans 56% des entreprises, c’est le dirigeant
lui-même qui s’occupe de la veille. Dans 43%
des entreprises, la mission incombe à plusieurs
collaborateurs (en plus de leur activité
principale). Seules 13% des entreprises
pratiquant la veille ont une ressource dédiée.
La veille réalisée s’appuie essentiellement sur
des outils et des sources gratuits, et peu
spécialisés. Les moteurs de recherche sont
privilégiés (73%), mais peu d’entreprises
utilisent les fonctions de recherche avancée
(23%). Elles sont peu familiarisées avec les
outils spécialisés (surveillance de pages web,
agrégateur de flux RSS, progiciels de veille,
outils de curation…).
Outils utilisés pour rechercher l’information
NFID / Décembre 2015 Page 3/6
Les sources d’information se concentrent
essentiellement sur l’Internet gratuit (46%), les
salons (40%) et le « terrain » (36%). Les sources
spécialisées, à plus forte valeur ajoutée, sont
les moins utilisées (clusters, pôles de
compétitivité, INPI, AFNOR, banques de
données payantes…).
Sources d’information privilégiées
SECURITE DE L’INFORMATION ET PROTECTION
DU PATRIMOINE4
4 entreprises sur 10 n’ont pris aucune mesure
pour se prémunir des actes de malveillances
dont elles peuvent faire l’objet (vol
d’information, cyberattaque, intrusion,
dégradations matérielles, pressions sur le
personnel, fausses informations, atteinte à
l’image, contrefaçon).
Au cours des 12 derniers mois, 20% des
entreprises interrogées déclarent avoir été
victimes d’actes de malveillance. Parmi elles,
56% n’ont pas contacté les services
compétents de l’Etat (DZSI, Gendarmerie et
Douanes).
Les entreprises ayant pris des dispositions
contre les actes de malveillance (60% des
entreprises) privilégient davantage les
moyens techniques de la sécurité
informatique : Antivirus, pare-feu, serveur
sécurisé, cryptage (27%), ainsi que la
vidéosurveillance (19%). Les leviers humains
n’arrivent qu’en seconde position : clauses de
confidentialité pour les collaborateurs (13%),
sensibilisation et formation du personnel
(13%), politique de sécurité de l’information
(13%).
REPUTATION ET INFLUENCE5
En matière de réputation sur Internet, 45% des
entreprises ont effectué un suivi de leur image
et de leur notoriété. Seules 43% d’entre-elles
ont entrepris des actions pour influencer
l’opinion des internautes. Elles ne sont que
une sur deux à considérer que ces actions ont
été efficaces.
Efficacité des actions d’e-réputation
En ce qui concerne la normalisation6
, les
entreprises ne sont que 19% à avoir participé
à des travaux de normalisation visant à
orienter la rédaction d’une norme dans leur
secteur.
Participation à des travaux de normalisation
S’agissant des pratiques de lobbying7
, celles-ci
restent encore confidentielles puisque seules
8% des entreprises ont eu recours à un cabinet
conseil spécialisé en lobbying et affaires
publiques pour faire valoir leurs intérêts.
Les entreprises qui se sont rendues à
l’étranger pour participer à un salon ou à une
mission de prospection (47%) ne sont que 19%
NFID / Décembre 2015 Page 4/6
à avoir bénéficié au préalable d’une
sensibilisation / formation sur la collecte et la
protection des informations (par exemple,
quelles sont les précautions à prendre sur la
nature des informations à diffuser sur un
stand…).
DIFFICULTES RENCONTREES
Les principaux freins rencontrés par les
entreprises dans la mise en œuvre de
pratiques d’intelligence économique sont le
manque de temps à y consacrer (48%) et le
manque de moyens humains alloués (26%).
Viennent ensuite le manque de méthode et
d’outils (8%), des difficultés à aligner ces
activités avec la stratégie de l’entreprise (6%),
le manque d’acculturation et de formation des
collaborateurs à ces pratiques (6%), la difficulté
à analyser l’information récoltée (4%)…
Principaux freins
BESOINS ET ATTENTES
Si seulement 9% des entreprises ont prévu de
recruter un collaborateur pour renforcer leur
dispositif d’intelligence économique, elles sont
54% à envisager d’accueillir un stagiaire.
23% des entreprises attendent des acteurs
publics régionaux une mise à disposition de
sources d’information qualifiées. Viennent
ensuite la mise en réseau (15%), la formation
aux outils et méthodes (13%), l’accès à une
veille sectorielle (11%), et des conseils en
matière de sécurité de l’information (10%).
52% des entreprises se déclarent prêtes à
participer financièrement pour bénéficier de
ces prestations, ce qui confirme leur appétence
pour ces pratiques. Les attentes sont
relativement variées :
Attentes vis-à-vis des acteurs publics
PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS
 Plus de la moitié des entreprises
semble avoir des difficultés à définir
une stratégie.
 L’intelligence économique n’apparaît
pas articulée à la réflexion stratégique.
 La performance commerciale et
l’innovation sont au cœur des finalités
de l’intelligence économique.
 L’intelligence économique reste une
notion abstraite pour les entreprises.
La vision qu’elles en ont est
relativement imprécise. Elles ne sont
que 44% à déclarer en faire, alors qu’en
réalité elles sont 61% à faire de la
veille.
NFID / Décembre 2015 Page 5/6
 La veille est devenue une pratique
courante dans les entreprises,
considérée comme importante voire
vitale pour leur activité, mais qui
demeure malgré tout peu structurée
(en termes d’outils et de méthodes) et
peu professionnalisée (sensibilisation
et formation des collaborateurs).
 Peu d’entreprises consacrent à
l’intelligence économique et à la veille
des ressources dédiées (humaines,
financières et temps).
 Près d’une entreprise sur deux n’a pris
aucune mesure pour se prémunir
d’actes de malveillance (vol
d’informations stratégiques, atteintes
financières ou à la réputation, attaques
informatiques…). Lorsque de telles
mesures sont prises, elles sont
essentiellement techniques.
 Dans un cas sur deux, les résultats des
actions d’influence sont limités ou peu
probants. Peu d’entreprises régionales
influent sur la rédaction des normes de
leur secteur, et peu font appel à des
cabinets spécialisés pour faire valoir
leurs intérêts économiques.
 Les entreprises qui participent à des
salons ou des missions de prospection
à l’étranger sont peu ou pas préparées
en termes de collecte et de protection
de l’information.
 Les entreprises ne sont pas encore
prêtes à recruter des collaborateurs
dédiés aux activités d’intelligence
économique, par contre elles
envisagent majoritairement de faire
appel à des stagiaires.
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
A la lecture de ces résultats globaux, nous
pouvons observer que :
 Maîtriser et protéger l’information
stratégique utile à son développement
ne peut pas s’improviser. Il est
nécessaire de bien s’organiser pour le
faire de manière optimale. Les
entreprises doivent monter en
compétence sur ce sujet.
 Force est de constater que la
dimension humaine est essentielle
pour pratiquer l’intelligence
économique. Des démarches de
sensibilisation (voire d’acculturation)
et d’accompagnements spécifiques
sont à promouvoir en ce sens.
 Les entreprises font partie d’un
écosystème riche de compétences et
en capacité de les accompagner pour
mieux détecter les menaces et saisir les
opportunités.
Etude réalisée par :
NFID est un centre de
ressources et d'appui à
la mise en œuvre des
politiques définies en
concertation par l’État, la Région, et les
autres collectivités, et qui visent à
développer l'entrepreneuriat, la création et
le développement d'activités économiques,
l'innovation et la valorisation de la
recherche en région.
Contact : Michaël POPEK
mpopek@nfid.fr – Tél : 03 20 17 72 25
NFID / Décembre 2015 Page 6/6
1
Rapport du Commissariat Général du Plan « Intelligence économique et stratégie des entreprises » (La
documentation française, 1994)
2
Définition de Jean Arthuis, Ministre de l’Economie et des Finances de 1995 à 1997
3
Activité de recherche, d'analyse et de sélection pertinente d'informations pouvant apporter des avantages
compétitifs à une entreprise. Surveillance active de l’environnement technologique, commercial, concurrentiel
(...) de l'entreprise pour en anticiper les évolutions.
4
Capacité de l’entreprise à préserver l’information relative à ses connaissances, à ses savoir-faire, à ses choix
stratégiques… face aux risques liés à la négligence ou à la malveillance.
5
Utilisation offensive de l’information pour agir sur son environnement notamment normatif et concurrentiel,
au lieu de le subir. Protection et valorisation de l'image de l'entreprise (ses marques, ses produits, ses dirigeants,
sa réputation), notamment sur Internet.
6
La normalisation est le fait d'établir des normes, c'est-à-dire un référentiel commun et documenté destiné à
harmoniser l'activité d'un secteur. La norme est un document de référence sur un sujet donné. Il indique l'état
de la science, de la technologie et des savoir-faire au moment de la rédaction.
7
Ensemble des actions organisées permettant de faire pression sur un décideur ou un groupe de décideurs
économiques ou politiques (législatifs et/ou exécutifs), ou sur une administration. Souvent assimilé à une
stratégie d’influence, il est souvent utilisé lorsque les intérêts économiques, politiques et/ou sociaux du lobby
ne coïncident pas avec l’intérêt général, ou de nouvelles dispositions légales en préparation. (Association
Française des Conseils en lobbying et Affaires publiques)

More Related Content

Similar to Etude : L’intelligence économique dans les entreprises du Nord-Pas de Calais en 2015

Etude RH et digitalisation de l’entreprise
Etude RH et digitalisation de l’entrepriseEtude RH et digitalisation de l’entreprise
Etude RH et digitalisation de l’entrepriseBPI group
 
Compte rendu présentation FNIM-PharmaSuccess 2013
Compte rendu présentation FNIM-PharmaSuccess 2013Compte rendu présentation FNIM-PharmaSuccess 2013
Compte rendu présentation FNIM-PharmaSuccess 2013PharmaSuccess
 
FUQUA SCHOOL OF BUSINESS : Les directeurs marketing américains peinent à prou...
FUQUA SCHOOL OF BUSINESS : Les directeurs marketing américains peinent à prou...FUQUA SCHOOL OF BUSINESS : Les directeurs marketing américains peinent à prou...
FUQUA SCHOOL OF BUSINESS : Les directeurs marketing américains peinent à prou...AGENCECONNECTO
 
Etude enjeux data des décideurs francais - iProspect - Les Echos Medias - 2016
Etude enjeux data des décideurs francais - iProspect - Les Echos Medias - 2016Etude enjeux data des décideurs francais - iProspect - Les Echos Medias - 2016
Etude enjeux data des décideurs francais - iProspect - Les Echos Medias - 2016Romain Fonnier
 
Social selling - Impact des Médias Sociaux sur l'acte d'achat B2B - 2018
Social selling - Impact des Médias Sociaux sur l'acte d'achat B2B - 2018Social selling - Impact des Médias Sociaux sur l'acte d'achat B2B - 2018
Social selling - Impact des Médias Sociaux sur l'acte d'achat B2B - 2018Patrick Barrabé® 😊
 
Etude Wiztopic/Digiturns : Les Dircom du futur
Etude Wiztopic/Digiturns : Les Dircom du futurEtude Wiztopic/Digiturns : Les Dircom du futur
Etude Wiztopic/Digiturns : Les Dircom du futurWiztopic
 
Atouts stratégiques des Communications Unifiées : la synthèse
Atouts stratégiques des Communications Unifiées : la synthèseAtouts stratégiques des Communications Unifiées : la synthèse
Atouts stratégiques des Communications Unifiées : la synthèseArkadin France
 
Observatoire IDC pour Microsoft : La transformation numérique des métiers de ...
Observatoire IDC pour Microsoft : La transformation numérique des métiers de ...Observatoire IDC pour Microsoft : La transformation numérique des métiers de ...
Observatoire IDC pour Microsoft : La transformation numérique des métiers de ...echangeurba
 
Sia partners baromètrepratiquesdigitales2016_cp_info
Sia partners baromètrepratiquesdigitales2016_cp_infoSia partners baromètrepratiquesdigitales2016_cp_info
Sia partners baromètrepratiquesdigitales2016_cp_infoMarket iT
 
Infographie marketing communication btob tendances chiffres clés 2014 2015 ar...
Infographie marketing communication btob tendances chiffres clés 2014 2015 ar...Infographie marketing communication btob tendances chiffres clés 2014 2015 ar...
Infographie marketing communication btob tendances chiffres clés 2014 2015 ar...aressy
 
Magazine Surface - L'intelligence artificielle s'invite dans le commerce de d...
Magazine Surface - L'intelligence artificielle s'invite dans le commerce de d...Magazine Surface - L'intelligence artificielle s'invite dans le commerce de d...
Magazine Surface - L'intelligence artificielle s'invite dans le commerce de d...Alain Fortier
 
Les chefs d'entreprise et la formation professionnelle
Les chefs d'entreprise et la formation professionnelleLes chefs d'entreprise et la formation professionnelle
Les chefs d'entreprise et la formation professionnellecontact Elabe
 
Observatoire salariés et entreprises responsables octobre 2015 étude
Observatoire salariés et entreprises responsables  octobre 2015   étudeObservatoire salariés et entreprises responsables  octobre 2015   étude
Observatoire salariés et entreprises responsables octobre 2015 étudeYoumatter
 
Rapport sur l'intelligence digitale - 2018
Rapport sur l'intelligence digitale - 2018Rapport sur l'intelligence digitale - 2018
Rapport sur l'intelligence digitale - 2018Patrick Barrabé® 😊
 
Comment les organismes publics et privés pratiquent la veille ?
Comment les organismes publics et privés pratiquent la veille ? Comment les organismes publics et privés pratiquent la veille ?
Comment les organismes publics et privés pratiquent la veille ? TayssirLimem
 
EBG - Livret de synthèse de la TaskForce CDO 2019 - CDO, de l'inspiration à l...
EBG - Livret de synthèse de la TaskForce CDO 2019 - CDO, de l'inspiration à l...EBG - Livret de synthèse de la TaskForce CDO 2019 - CDO, de l'inspiration à l...
EBG - Livret de synthèse de la TaskForce CDO 2019 - CDO, de l'inspiration à l...55 | fifty-five
 

Similar to Etude : L’intelligence économique dans les entreprises du Nord-Pas de Calais en 2015 (20)

Etude RH et digitalisation de l’entreprise
Etude RH et digitalisation de l’entrepriseEtude RH et digitalisation de l’entreprise
Etude RH et digitalisation de l’entreprise
 
Compte rendu présentation FNIM-PharmaSuccess 2013
Compte rendu présentation FNIM-PharmaSuccess 2013Compte rendu présentation FNIM-PharmaSuccess 2013
Compte rendu présentation FNIM-PharmaSuccess 2013
 
FUQUA SCHOOL OF BUSINESS : Les directeurs marketing américains peinent à prou...
FUQUA SCHOOL OF BUSINESS : Les directeurs marketing américains peinent à prou...FUQUA SCHOOL OF BUSINESS : Les directeurs marketing américains peinent à prou...
FUQUA SCHOOL OF BUSINESS : Les directeurs marketing américains peinent à prou...
 
Etude enjeux data des décideurs francais - iProspect - Les Echos Medias - 2016
Etude enjeux data des décideurs francais - iProspect - Les Echos Medias - 2016Etude enjeux data des décideurs francais - iProspect - Les Echos Medias - 2016
Etude enjeux data des décideurs francais - iProspect - Les Echos Medias - 2016
 
Barometre social selling_2018
Barometre social selling_2018Barometre social selling_2018
Barometre social selling_2018
 
Social selling - Impact des Médias Sociaux sur l'acte d'achat B2B - 2018
Social selling - Impact des Médias Sociaux sur l'acte d'achat B2B - 2018Social selling - Impact des Médias Sociaux sur l'acte d'achat B2B - 2018
Social selling - Impact des Médias Sociaux sur l'acte d'achat B2B - 2018
 
Etude Wiztopic/Digiturns : Les Dircom du futur
Etude Wiztopic/Digiturns : Les Dircom du futurEtude Wiztopic/Digiturns : Les Dircom du futur
Etude Wiztopic/Digiturns : Les Dircom du futur
 
Atouts stratégiques des Communications Unifiées : la synthèse
Atouts stratégiques des Communications Unifiées : la synthèseAtouts stratégiques des Communications Unifiées : la synthèse
Atouts stratégiques des Communications Unifiées : la synthèse
 
Quelles pratiques de formation dans les TPE ?
Quelles pratiques de formation dans les TPE ?Quelles pratiques de formation dans les TPE ?
Quelles pratiques de formation dans les TPE ?
 
Marketing 2020
Marketing 2020Marketing 2020
Marketing 2020
 
Observatoire IDC pour Microsoft : La transformation numérique des métiers de ...
Observatoire IDC pour Microsoft : La transformation numérique des métiers de ...Observatoire IDC pour Microsoft : La transformation numérique des métiers de ...
Observatoire IDC pour Microsoft : La transformation numérique des métiers de ...
 
Sia partners baromètrepratiquesdigitales2016_cp_info
Sia partners baromètrepratiquesdigitales2016_cp_infoSia partners baromètrepratiquesdigitales2016_cp_info
Sia partners baromètrepratiquesdigitales2016_cp_info
 
Infographie marketing communication btob tendances chiffres clés 2014 2015 ar...
Infographie marketing communication btob tendances chiffres clés 2014 2015 ar...Infographie marketing communication btob tendances chiffres clés 2014 2015 ar...
Infographie marketing communication btob tendances chiffres clés 2014 2015 ar...
 
Magazine Surface - L'intelligence artificielle s'invite dans le commerce de d...
Magazine Surface - L'intelligence artificielle s'invite dans le commerce de d...Magazine Surface - L'intelligence artificielle s'invite dans le commerce de d...
Magazine Surface - L'intelligence artificielle s'invite dans le commerce de d...
 
Les chefs d'entreprise et la formation professionnelle
Les chefs d'entreprise et la formation professionnelleLes chefs d'entreprise et la formation professionnelle
Les chefs d'entreprise et la formation professionnelle
 
Observatoire salariés et entreprises responsables octobre 2015 étude
Observatoire salariés et entreprises responsables  octobre 2015   étudeObservatoire salariés et entreprises responsables  octobre 2015   étude
Observatoire salariés et entreprises responsables octobre 2015 étude
 
Tendances digitales pour 2018
Tendances digitales pour 2018Tendances digitales pour 2018
Tendances digitales pour 2018
 
Rapport sur l'intelligence digitale - 2018
Rapport sur l'intelligence digitale - 2018Rapport sur l'intelligence digitale - 2018
Rapport sur l'intelligence digitale - 2018
 
Comment les organismes publics et privés pratiquent la veille ?
Comment les organismes publics et privés pratiquent la veille ? Comment les organismes publics et privés pratiquent la veille ?
Comment les organismes publics et privés pratiquent la veille ?
 
EBG - Livret de synthèse de la TaskForce CDO 2019 - CDO, de l'inspiration à l...
EBG - Livret de synthèse de la TaskForce CDO 2019 - CDO, de l'inspiration à l...EBG - Livret de synthèse de la TaskForce CDO 2019 - CDO, de l'inspiration à l...
EBG - Livret de synthèse de la TaskForce CDO 2019 - CDO, de l'inspiration à l...
 

Etude : L’intelligence économique dans les entreprises du Nord-Pas de Calais en 2015

  • 1. NFID / Décembre 2015 Page 1/6 L’intelligence économique dans les entreprises du Nord-Pas de Calais L’enquête sur les pratiques d’intelligence économique des entreprises du Nord – Pas de Calais a été lancée dans le cadre de la Stratégie Régionale de l’Intelligence Economique. Elle a pour objectifs de recueillir et d’analyser les pratiques d’intelligences économiques des entreprises du Nord – Pas de Calais, d’identifier les freins, d’apprécier les progrès à accomplir dans ce domaine, et de comprendre leurs besoins et leurs attentes pour mieux les accompagner. L’enquête a été réalisée par NFID entre juin et septembre 2015. Un questionnaire a été envoyé par e- mailing à une cible d’entreprises « à fort potentiel d’innovation » (cible de 4460 entreprises constituée à partir d’indicateurs financiers et d’accompagnement), suivi d’une relance téléphonique. 439 entreprises, soit près de 10% de la cible, ont répondu à l’enquête. Les entreprises de moins de 50 salariés représentent la majorité des réponses. Dans un contexte de mondialisation et de concurrence exacerbée, l’intelligence économique est une nécessité vitale pour améliorer la compétitivité des entreprises, soutenir la croissance et l’emploi. L’intelligence économique consiste en la maîtrise et la protection de l’information stratégique utile au développement de l’organisme qui la détient1 . Elle englobe la définition de la stratégie déterminée par la connaissance de l’information pertinente et la mise en œuvre de cette stratégie2 . STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT ET RESSORTS DES PROJETS INNOVANTS 78% des entreprises interrogées déclarent avoir une stratégie de développement. Pour 43% des entreprises cette stratégie est clairement définie. 35% des entreprises déclarent que leur stratégie mériterait d’être approfondie et 21% n’en ont pas. L’objectif prioritaire de leur stratégie est le développement commercial à 51%, suivi de l’innovation (23%), de la performance interne (12%) et de l’international (8%). Le contexte économique actuel (concurrence, instabilité, incertitude) peut expliquer la propension au développement commercial des entreprises répondantes. L’analyse des clients (46%), l’anticipation des évolutions de marché (40%), et l’évolution des règlementations (20%) sont les principaux ressorts des projets innovants des entreprises interrogées. Un lien fort existe entre l’innovation et l’intelligence économique. PRATIQUE DE L’INTELLIGENCE ECONOMIQUE Plus d’une entreprise sur deux déclare ne pas pratiquer l’intelligence économique (56%), essentiellement par manque de temps (36%), de ressource interne (19%) et en raison du caractère abstrait de la notion. (33%). A la lecture des verbatim, on constate que la notion reste obscure pour de nombreuses entreprises interrogées, et que le discours autour de l’intelligence économique est trop décembre 2015
  • 2. NFID / Décembre 2015 Page 2/6 « institutionnel » et peu adapté aux entreprises. FINALITES DE L’INTELLIGENCE ECONOMIQUE Pour 35% des entreprises, l’intelligence économique permet de mieux comprendre et d’anticiper les besoins des clients. Les entreprises du Nord-Pas de Calais placent la performance commerciale et l’innovation en tête des finalités de l’intelligence économique. La stratégie et la protection de leur patrimoine n’arrivent qu’en second plan. Finalités de l’intelligence économique Seule 1 entreprise sur 4 consacre un budget spécifique pour les actions de veille et d’intelligence économique. En majorité, ce budget est inférieur à 10 000 € (66% d’entre elles). LA VEILLE3 6 entreprises sur 10 déclarent avoir mis en place une démarche de veille. La veille technologique (53%) et la veille concurrentielle et marketing (51%) sont les plus pratiquées. Suivent, à parts égales, la veille juridique et réglementaire (31%) et la veille commerciale (31%). La veille d’image et d’opinion (également appelée « e- réputation ») est citée par 19% des entreprises. Informations recherchées Parmi les entreprises pratiquant la veille, 71% le font continuellement. 28% considèrent la veille comme une activité vitale, et 36% comme une activité très importante. Importance accordée à la veille pour l’activité des entreprises Dans 56% des entreprises, c’est le dirigeant lui-même qui s’occupe de la veille. Dans 43% des entreprises, la mission incombe à plusieurs collaborateurs (en plus de leur activité principale). Seules 13% des entreprises pratiquant la veille ont une ressource dédiée. La veille réalisée s’appuie essentiellement sur des outils et des sources gratuits, et peu spécialisés. Les moteurs de recherche sont privilégiés (73%), mais peu d’entreprises utilisent les fonctions de recherche avancée (23%). Elles sont peu familiarisées avec les outils spécialisés (surveillance de pages web, agrégateur de flux RSS, progiciels de veille, outils de curation…). Outils utilisés pour rechercher l’information
  • 3. NFID / Décembre 2015 Page 3/6 Les sources d’information se concentrent essentiellement sur l’Internet gratuit (46%), les salons (40%) et le « terrain » (36%). Les sources spécialisées, à plus forte valeur ajoutée, sont les moins utilisées (clusters, pôles de compétitivité, INPI, AFNOR, banques de données payantes…). Sources d’information privilégiées SECURITE DE L’INFORMATION ET PROTECTION DU PATRIMOINE4 4 entreprises sur 10 n’ont pris aucune mesure pour se prémunir des actes de malveillances dont elles peuvent faire l’objet (vol d’information, cyberattaque, intrusion, dégradations matérielles, pressions sur le personnel, fausses informations, atteinte à l’image, contrefaçon). Au cours des 12 derniers mois, 20% des entreprises interrogées déclarent avoir été victimes d’actes de malveillance. Parmi elles, 56% n’ont pas contacté les services compétents de l’Etat (DZSI, Gendarmerie et Douanes). Les entreprises ayant pris des dispositions contre les actes de malveillance (60% des entreprises) privilégient davantage les moyens techniques de la sécurité informatique : Antivirus, pare-feu, serveur sécurisé, cryptage (27%), ainsi que la vidéosurveillance (19%). Les leviers humains n’arrivent qu’en seconde position : clauses de confidentialité pour les collaborateurs (13%), sensibilisation et formation du personnel (13%), politique de sécurité de l’information (13%). REPUTATION ET INFLUENCE5 En matière de réputation sur Internet, 45% des entreprises ont effectué un suivi de leur image et de leur notoriété. Seules 43% d’entre-elles ont entrepris des actions pour influencer l’opinion des internautes. Elles ne sont que une sur deux à considérer que ces actions ont été efficaces. Efficacité des actions d’e-réputation En ce qui concerne la normalisation6 , les entreprises ne sont que 19% à avoir participé à des travaux de normalisation visant à orienter la rédaction d’une norme dans leur secteur. Participation à des travaux de normalisation S’agissant des pratiques de lobbying7 , celles-ci restent encore confidentielles puisque seules 8% des entreprises ont eu recours à un cabinet conseil spécialisé en lobbying et affaires publiques pour faire valoir leurs intérêts. Les entreprises qui se sont rendues à l’étranger pour participer à un salon ou à une mission de prospection (47%) ne sont que 19%
  • 4. NFID / Décembre 2015 Page 4/6 à avoir bénéficié au préalable d’une sensibilisation / formation sur la collecte et la protection des informations (par exemple, quelles sont les précautions à prendre sur la nature des informations à diffuser sur un stand…). DIFFICULTES RENCONTREES Les principaux freins rencontrés par les entreprises dans la mise en œuvre de pratiques d’intelligence économique sont le manque de temps à y consacrer (48%) et le manque de moyens humains alloués (26%). Viennent ensuite le manque de méthode et d’outils (8%), des difficultés à aligner ces activités avec la stratégie de l’entreprise (6%), le manque d’acculturation et de formation des collaborateurs à ces pratiques (6%), la difficulté à analyser l’information récoltée (4%)… Principaux freins BESOINS ET ATTENTES Si seulement 9% des entreprises ont prévu de recruter un collaborateur pour renforcer leur dispositif d’intelligence économique, elles sont 54% à envisager d’accueillir un stagiaire. 23% des entreprises attendent des acteurs publics régionaux une mise à disposition de sources d’information qualifiées. Viennent ensuite la mise en réseau (15%), la formation aux outils et méthodes (13%), l’accès à une veille sectorielle (11%), et des conseils en matière de sécurité de l’information (10%). 52% des entreprises se déclarent prêtes à participer financièrement pour bénéficier de ces prestations, ce qui confirme leur appétence pour ces pratiques. Les attentes sont relativement variées : Attentes vis-à-vis des acteurs publics PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS  Plus de la moitié des entreprises semble avoir des difficultés à définir une stratégie.  L’intelligence économique n’apparaît pas articulée à la réflexion stratégique.  La performance commerciale et l’innovation sont au cœur des finalités de l’intelligence économique.  L’intelligence économique reste une notion abstraite pour les entreprises. La vision qu’elles en ont est relativement imprécise. Elles ne sont que 44% à déclarer en faire, alors qu’en réalité elles sont 61% à faire de la veille.
  • 5. NFID / Décembre 2015 Page 5/6  La veille est devenue une pratique courante dans les entreprises, considérée comme importante voire vitale pour leur activité, mais qui demeure malgré tout peu structurée (en termes d’outils et de méthodes) et peu professionnalisée (sensibilisation et formation des collaborateurs).  Peu d’entreprises consacrent à l’intelligence économique et à la veille des ressources dédiées (humaines, financières et temps).  Près d’une entreprise sur deux n’a pris aucune mesure pour se prémunir d’actes de malveillance (vol d’informations stratégiques, atteintes financières ou à la réputation, attaques informatiques…). Lorsque de telles mesures sont prises, elles sont essentiellement techniques.  Dans un cas sur deux, les résultats des actions d’influence sont limités ou peu probants. Peu d’entreprises régionales influent sur la rédaction des normes de leur secteur, et peu font appel à des cabinets spécialisés pour faire valoir leurs intérêts économiques.  Les entreprises qui participent à des salons ou des missions de prospection à l’étranger sont peu ou pas préparées en termes de collecte et de protection de l’information.  Les entreprises ne sont pas encore prêtes à recruter des collaborateurs dédiés aux activités d’intelligence économique, par contre elles envisagent majoritairement de faire appel à des stagiaires. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS A la lecture de ces résultats globaux, nous pouvons observer que :  Maîtriser et protéger l’information stratégique utile à son développement ne peut pas s’improviser. Il est nécessaire de bien s’organiser pour le faire de manière optimale. Les entreprises doivent monter en compétence sur ce sujet.  Force est de constater que la dimension humaine est essentielle pour pratiquer l’intelligence économique. Des démarches de sensibilisation (voire d’acculturation) et d’accompagnements spécifiques sont à promouvoir en ce sens.  Les entreprises font partie d’un écosystème riche de compétences et en capacité de les accompagner pour mieux détecter les menaces et saisir les opportunités. Etude réalisée par : NFID est un centre de ressources et d'appui à la mise en œuvre des politiques définies en concertation par l’État, la Région, et les autres collectivités, et qui visent à développer l'entrepreneuriat, la création et le développement d'activités économiques, l'innovation et la valorisation de la recherche en région. Contact : Michaël POPEK mpopek@nfid.fr – Tél : 03 20 17 72 25
  • 6. NFID / Décembre 2015 Page 6/6 1 Rapport du Commissariat Général du Plan « Intelligence économique et stratégie des entreprises » (La documentation française, 1994) 2 Définition de Jean Arthuis, Ministre de l’Economie et des Finances de 1995 à 1997 3 Activité de recherche, d'analyse et de sélection pertinente d'informations pouvant apporter des avantages compétitifs à une entreprise. Surveillance active de l’environnement technologique, commercial, concurrentiel (...) de l'entreprise pour en anticiper les évolutions. 4 Capacité de l’entreprise à préserver l’information relative à ses connaissances, à ses savoir-faire, à ses choix stratégiques… face aux risques liés à la négligence ou à la malveillance. 5 Utilisation offensive de l’information pour agir sur son environnement notamment normatif et concurrentiel, au lieu de le subir. Protection et valorisation de l'image de l'entreprise (ses marques, ses produits, ses dirigeants, sa réputation), notamment sur Internet. 6 La normalisation est le fait d'établir des normes, c'est-à-dire un référentiel commun et documenté destiné à harmoniser l'activité d'un secteur. La norme est un document de référence sur un sujet donné. Il indique l'état de la science, de la technologie et des savoir-faire au moment de la rédaction. 7 Ensemble des actions organisées permettant de faire pression sur un décideur ou un groupe de décideurs économiques ou politiques (législatifs et/ou exécutifs), ou sur une administration. Souvent assimilé à une stratégie d’influence, il est souvent utilisé lorsque les intérêts économiques, politiques et/ou sociaux du lobby ne coïncident pas avec l’intérêt général, ou de nouvelles dispositions légales en préparation. (Association Française des Conseils en lobbying et Affaires publiques)