Cours sur la notion d'humanisme numérique à destination d'étudiants en Master MEEF Documentation. Un cours sur les humanités digitales le précède et ces éléments-là ne sont donc pas repris.
Après avoir rappelé (trop !) brièvement ce qu'est l'humanisme et ses origines historiques, l'essentiel du propos s'appuie sur l'ouvrage de Milad Doueihi sur l'humanisme numérique. Il termine par quelques exemples concrets et actuels, invitant à la discussion.
Les exercices de fin sont adaptées selon la séance avec les étudiants et seulement présents à titre d'exemples dans cette présentation-ci.
2. L’humanisme
Un peu d’histoire (très succincte et ô combien caricaturale ici : je vous invite à vous documenter à ce sujet !)
3. Parchemin, vers 1330-1340
La renaissance
Du Moyen-Âge à la Renaissance…
Début de la renaissance : une date sujette à controverses
(début 1400 pour les arts, 1450 pour l’Imprimerie, 1453+ pour
les migrations grecques/byzantines vers l’occident, 1492 pour la
découverte de l’Amérique / fin de la Reconquista…).
En réalité, une continuité (ex. en musique : Guillaume de
Machaut / ex. en littérature et pour les valeurs humanistes :
Pétrarque)
Renaissance italienne (XIVe) ? Venise & le commerce mondial,
Pétrarque, Salutati (crée la première chaire de Grec à
Florence)…
Souvent présentée comme une redécouverte de l’antiquité
(savoirs, arts, pensée…) : même si accès un peu plus aisé aux
textes et à la pensée (migrations), surtout une imitation / une
valorisation de l’antiquité (greco-romaine), une ouverture
des textes anciens (déjà connus) à un plus grand nombre, petit
à petit.
L’imprimerie va accélérer le mouvement (1500+).
Fin estimée vers 1600.
Antonello de Messine - Vierge Marie, 1476
4. L’humanisme (renaissance)
Retour à l’antique comme modèle de vie, de pensée, des arts…
A l’origine, l’humaniste est le professeur de littérature greco-
latines et de langues…
… et la diffusion plus large de textes permet à des personnes
moins lettrées d’avoir une bibliothèque personnelle (+ riche
bourgeoisie de plus en plus nombreuse).
Dans l’éducation, on prône (petit à petit) la pensée libre,
l’absence de sévices, la place du corps (sport, activités en plein
air…)
La place de l’Homme dans l’antiquité vs l’Eglise (les humanistes
sont croyants mais désirent développer l’esprit critique, la
vérification en science, etc.).
Pas nouveau mais plus général et s’ancre dans les pensées
(le doute est désormais sain)…
Synthèse entre judéo-christianisme et pensée de l’antiquité
classique.
Disputes sur la langue des textes lues : Latin (catholique) vs
Grec (orthodoxe) ou hébreux (juif).
Réforme protestante (Luther, Calvin) en réponse au commerce
des indulgences (entre autres) & contre-réforme.
Raphaël - L’école d’Athènes, 1508-1512
5. L’humanisme (renaissance)
Intérêt pour l’Homme et le Monde,
pensée réactionnaire face à l’Eglise, ses choix politiques et à
l’attitude de certains membres du clergé (cf. indulgences), mais
pas le christianisme.
(Il y eu des savants dans le clergé aussi ! Et des penseurs qui analysent
les textes bibliques et critiquent l’Eglise bien avant la renaissance : ex.
Université de Paris créée au XIIIe s. : « comment articuler la raison et la foi
? »)
Révolution copernicienne (pas si nouvelle : l’héliocentrisme est
une hypothèse antique), nombreuses autres avancées
scientifiques.
Ecriture de plus en plus souvent dans la langue du royaume / de
la république plutôt qu’en latin, enseignement un peu plus
accessible à tous.
Diffusion du savoir à une plus grande échelle : imprimerie,
routes commerciales plus nombreuses et temps de transport
plus rapide…
Art de l’antiquité et au-delà ! Peinture, sculpture, musique…
Portraits plus fréquents.
Quelques noms : Pétrarque, Erasme, Rabelais, Montaigne (XVIe
siècle).
(Plus ancien : Thomas d’Aquin, XIIIe siècle)
Florence
6. L’humanisme (Lumières)
Période : 1715-1789. Epoque de changements économiques
(capitalisme) et bourgeoisie de plus en plus riche et puissante
(l’aristocratie le reste surtout dans les régimes parlementaires).
Valeurs affichées : liberté (émancipation des pouvoirs en place
et fin des privilèges accordés au clergé et à la noblesse),
universalisme (humains supérieurs aux autres créatures grâce à
la raison et la parole), raison (opposition aux croyances).
Kant (1784) : « Les Lumières, c’est la sortie de l’homme hors de
l’état de tutelle dont il est lui-même responsable. L’état de tutelle
est l’incapacité de se servir de son entendement sans la
conduite d’un autre. »
Souvent déistes ou athées (matérialisme), et anticléricaux.
Encyclopédistes (sous l’impulsion de Diderot et D’Alembert),
échanges épistolaires, rencontres dans des salons, académies,
loges…
Finalités concrètes : indépendance américaine (appuyée par la
France) en 1776, révolution française et constitution (1791), ~un
siècle après la monarchie parlementaire en Angleterre.
Quelques noms : Montesquieu, Voltaire, Diderot, Condorcet,
Rousseau, Locke, Franklin…
Lemonnier - Le Salon de Mme Geoffrin (avec Diderot, d’Alembert, Montesquieu…), 1812
7. L’humanisme (aujourd’hui)
Académie française (dictionnaire de 2011) :
« doctrine, attitude philosophique, mouvement de pensée qui
prend l’Homme pour fin et valeur suprême, qui vise à
l’épanouissement de la personne humaine et au respect de sa
dignité »
Emancipation du dogme religieux : déisme, agnosticisme,
athéisme. Séparation des Eglises et de l’Etat (1905), laïcité.
Progrès scientifiques et technologiques comme moyens
d’émancipation, de bonheur, de démocratie… mais aussi
d’aliénation (usines du début du XXe, marketing et psychologie
comportementale, management agressif…)
Libéralisme (social, politique, économique) : aspirations
démocratiques, féminisme, tolérance (des individualités, des
cultures, des ethnies…), pacifisme, etc. vs pouvoirs
(économiques et politiques), marchés, violences, performance…
Accès à l’information et au savoir (bibliothèques, écoles, web…)
vs fractures et accessibilité, idéologies, manipulation…
Des oppositions, des tensions, des questions.
« Les temps modernes » (1936) - C. Chaplin
9. Le numérique
Analogique vs Numérique
Informatique, électronique et télécommunications (notamment
Internet le Web) : ensemble de technologies d’information et de
communication (hardware et software).
Le numérique : « une technique comme à l’époque le livre,
l’imprimé […]. La technique ne crée pas le changement, c’est
son application sociale qui nous intéresse […] c’est les
utilisateurs […]. L’application de la technique découle de ce que
les utilisateurs en font […] » (Y. Théorêt)
Une culture informationnelle / de l’information, des pratiques
(formelles et informelles), des connaissances/compétences, un
accès au savoir, un moyen de lien social inédit… une véritable
culture, une nouvelle civilisation (Doueihi)
Aujourd’hui, questions vives sur : l’intelligence artificielle, le
transhumanisme, l’Homme augmenté, l’Internet des objets…
Pose des questions économiques, sociales, sociétales,
politiques, éthiques…
10. Humanisme numérique
Toute cette partie concerne exclusivement les discours de M. Doueihi.
Les références de pages proviennent de : Doueihi, M. (2011) Pour un humanisme numérique. Seuil.
11. Humanisme numérique
L’humanisme numérique est :
« […] le résultat d’une convergence entre notre héritage culturel
complexe et une technique devenue un lieu de sociabilité sans
précédent [et] qui, au lieu de simplement renouer l’antique et l’actuel,
redistribue les concepts, les catégories et les objets, comme les
comportements et les pratiques […] » (p. 9)
« C’est la manière dont les disciplines lettrées de l’humanisme
classique ont reçu et sont en partie façonnées par le numérique,
tant dans leur manière de produire le savoir, que dans leur aptitude à
le partager et le transmettre. [...] le premier humaniste numérique n’est
autre qu’Alan Turing. Quand on lit son texte fondateur de 1950 MIND,
on est tout de suite frappé par l’importance accordée aux sciences
humaines. » (La République des Livres, 2016 : Interview de M. Doueihi)
« Pourquoi un humanisme numérique ? Tout simplement parce que le
numérique est une culture nouvelle, qui, comme toute nouvelle
culture, interroge nos certitudes et nos vérités, en mettant en place de
nouveaux critères et de nouveaux repères. Ce sont ces repères et
ces critères qui sont les objets premiers de l’humanisme numérique. »
(p. 55)
Milad Doueihi
12. Humanisme numérique
4e révolution humaniste (d’après C. Lévi-Strauss pour les trois
premiers) –pp. 34-35 :
1. Humanisme de la renaissance, aristocratique (retour aux savoirs
antiques)
2. Humanisme du XIXe siècle, exotique et bourgeois (découverte
des cultures orientales et asiatiques)
3. Humanisme du XXe siècle, démocratique (« fait appel à la totalité
des sociétés humaines pour élaborer une connaissance globale
de l’homme » - Lévi-Strauss, 1954)
4. Humanisme numérique : convertit les trois premiers à sa façon,
du côté du patrimoine et de l’Histoire, de l’espace urbain et du
retour des pratiques du corps.
Milad Doueihi
13. Technique vs humanité ?
Invite à sortir de l’opposition technique vs humanité (pp. 46-48), des
« discours de la peur souvent évoqués par les médias classiques
quand il s’agit de discuter du numérique (vol d’identité, pédophilie,
etc.) » (p. 48) qui relèvent d’un conflit, perçu comme inévitable par
certains, entre culture et technique, homme et machine.
passer d’informatique (technique) à numérique (pratiques, valeurs,
accessibilité des savoirs, échanges, créativité, etc.)
passer de la technique à la civilisation, c’est-à-dire un changement
social profond (p. 49).
Tout au long de son essai, M. Doueihi prend comme paradigme
pour présenter l’humanisme numérique la convergence (et non pas
l’opposition), entre des notions du passé et leur réalité aujourd’hui
dans le numérique.
Milad Doueihi
14. Le « triomphe de l’hybride »
Le numérique est le « triomphe de l’hybride » :
« hybridation de notre espace habitable [(domotique, mobilité,
écrans dans la ville, espaces physiques et virtuels hybridés,
frontière intime/extime, géolocalisation, rapprochement de
cultures géographiquement distantes, « globalisation »,
changement d’échelle, lieux de stockage du savoir…)], de nos
modes de communication, de nos représentations identitaires et de
nos valeurs […] » (p. 49),
« La culture numérique […] est une forme inédite de la maîtrise de
la mémoire. De la mémoire individuelle comme de la mémoire
collective. Elle ne cesse […] de nous faire miroiter des promesses
d’archives sans limites, des archives sans oubli. » (p. 151)
critique sur une vision fantasmée de la mémoire numérique
(aucun oubli) en opposition à la mémoire humaine (failles).
Or, « la culture numérique […] nous [fait] croire que la mémoire
est l’équivalent de l’accès à des données ou synonyme d’une forme
de disponibilité de l’information » (p. 152)
Milad Doueihi
15. Religion et numérique
« la religion comme le numérique sont tous deux des techniques de
la médiation et de la communication qui, chacune à sa manière,
modifient les rapports entre les individus et la collectivité et
mettent en place une nouvelle dimension éthique capable
d’influencer et de façonner les actions et les comportements. […] le
numérique […] façonn[e], tout comme la religion, le lien social, et,
ce faisant, apport[e] un changement.
Mieux encore, la nature même des plates-formes numériques
intériorise des valeurs déterminantes qui sont d’ores et déjà des
choix politiques (transparence, responsabilité dans l’échange et le
dialogue, primauté de la libre circulation de l’information et des
opinions, etc.).
[…] L’engagement des hackers pour des causes multiples
(économiques, politiques et sociales) ne fait qu’accentuer et étendre
ce passage à ce qui est sans doute une nouvelle forme de
civilisation, la civilisation numérique » (pp. 41-42)
16. Rapport à l’espace
Le rapport à l’espace et la place du corps (« hybride, partagé
entre le réel et le virtuel »
–p. 18, cf. tactile, voix…).
Domotique, mobilité, écrans dans la ville, espaces physiques et
virtuels hybridés, frontière intime/extime, géolocalisation,
rapprochement de cultures géographiquement distantes,
« globalisation », changement d’échelle, réalité augmentée
(hybridation virtuel et réel), mondes virtuels, lieux de stockage du
savoir…
Sur ce dernier point : concerne à la fois les espaces de savoirs (en
ligne et collaboratifs notamment) et les moyens d’accès
(classification, recherche…), le libre accès, l’archivage et la
mémoire, ce que l’on conserve et ce qui se perd
(« anthologisation »), l’hypertextualité…
« Le navigateur, paradigme de l’interface, redessine nos interfaces à
l’information, aux dispositifs et à la dynamique de leur production,
transmission et partage » (p. 136) : en effet, on passe par le
navigateur dans la quasi-totalité de nos actions sur le web, y
compris l’accès au savoir.
Le corps : tactile, voix, biométrie, géolocalisation…
Universum, C. Flammarion, gravure sur bois, Paris 1888.
17. L’amitié numérique
« L’amitié numérique », à la base des réseaux sociaux : « la notion
d’amitié, simplifiée et transformée en agent constitutif de la
sociabilité numérique »
(p. 39), organise les relations entre les Hommes.
L’échange voire la rencontre se font en ligne, et « sont de plus en
plus centralisés [(quelques plateformes ont le monopole)], malgré
les apparences d’une diversité » (p. 62)
« L’amitié traditionnelle est restreinte […]. Elle est caractérisée par
la rareté. Dans le monde numérique, […] tout le système est conçu
pour étendre et élargir la relation d’amitié à tout réseau. » (p. 63) Et
partant, de sortir de l’amitié intime pour passer à une forme d’amitié
publique… d’autant plus qu’elle se base notamment sur la popularité
(likes, etc.).
« L’amitié numérique » consacre le lien et le partage (y compris de
ses amis via les recommandations). Image de soi mise en avant,
forgeant pour partie l’identité numérique.
Le lien quasi-permanent avec les réseaux sociaux (mobilité) : un
moyen d’éviter la solitude ?
Universum, C. Flammarion, gravure sur bois, Paris 1888.
18. L’anthologie à l’ère numérique
L’économie de l’information : de la rareté (antiquité) à une économie
de la surabondance (numérique), en passant par un entre-deux
(imprimerie)
retour aux anthologies (populaires ou savantes
–p. 111), notamment via les ontologies.
« Le numérique s'accompagne d'un métissage de l'écrit, de l'image,
des formes de communication. […] La fragmentation de l'écrit s'est
généralisée [(ex. Twitter)] […] l'anthologisation […] renoue avec
une tradition ancestrale : toute la littérature de la sagesse antique a
été transmise par fragments, car les copies étaient rares et
difficilement accessibles. D'où le recours aux anthologies de
morceaux choisis les plus intéressants. Aujourd'hui, l'information
est si pléthorique que nous sommes obligés de renouer […] avec la
manière de faire des Anciens […]. L'humanisme numérique permet
de rappeler cet héritage tout en accueillant de nouvelles formes
culturelles.» Entretien - La Croix (2012)
Cette époque « inaugure la renaissance du lecteur »
(p. 111), notamment en tant qu’auteur d’anthologies, de méthodes
de classement (cf. par ex. la folksonomie).
Dimension communautaire (et donc identitaire) de la curation (p.
125-126).
Universum, C. Flammarion, gravure sur bois, Paris 1888.Les sciences et les arts dans la Grèce antique (Fondation hellénique, CIUP)
19. Quelques points à retenir
(D’après les écrits & interviews de M. Doueihi)
• Le numérique, quatrième humanisme : modifie les trois premiers
et introduit de nouvelles perspectives socio-politiques
(notamment).
• Idéal de transparence et de partage, transdisciplinaire,
transgénérationnel… outil démocratique mais aussi de
surveillance et de censure.
• Change notre rapport au monde : à l’espace, au savoir, à nous-
même (individu) et au groupe (communauté), à la société et à son
organisation, à la culture…
• Numérique : « triomphe de l’hybride », pour aller au-delà des
discours opposant technique et humanité (par ex. sur des sujets
comme les IA)
• En somme : le numérique ne nous fait pas renoncer au passé
(notamment à ce qui a été conservé de l’antiquité et remodelé au
travers des « trois humanismes »), il nous invite à l’hybridation et
nous donne des conditions inédites de faire société.
Universum, C. Flammarion, gravure sur bois, Paris 1888.Raphael : L’école d’Athènes (1509-1511)
20. Une vision plus nuancée
D’après l’ouvrage de Guy Vallancien (chirurgien, membre de l’académie nationale de médecine, pionnier de la
robotique chirurgicale, professeur d’urologie à Paris-Descartes) :
Vallancien, G. (2017). Homo artificialis. Plaidoyer pour un humanisme numérique. Michalon.
21. Les robots : gains et pertes
La téléchirurgie (opérer à distance) grâce à des bras articulés… et
bientôt des robots autonomes (pour des opérations simples et
programmables) : « le rôle du chirurgien se bornera à dessiner le
volume à traiter puis à superviser le bon déroulement de l’acte sans
agir lui-même […]. A terme, la manipulation sera effectuée par un
infirmier spécialisé devenu ingénieur opérateur ». (pp. 31-32)
Dialectique du maître et de l’esclave (Hegel) ?
« Le Human Super Robot de Toyota est capable de tirer les rideaux de
la chambre du malade, de ramasser les objets tombés du lit,
d’apporter au patient alité une bouteille d’eau, un repas ou des
médicaments. » (p. 46)
Quelle place à l’empathie, aux sentiments ?
« des drones militaires furtifs sont capables de déclencher eux-mêmes
le feu sur leur cible présélectionnée et reconnue sans l’aval d’une
décision de commandement humain » (p. 48)
Quelle place pour la responsabilité ? L’erreur ? Comment réagit le
robot face à un enfant ?
Universum, C. Flammarion, gravure sur bois, Paris 1888.Raphael : L’école d’Athènes (1509-1511)
22. Intelligence artificielle
« A l’occasion d’une réception, je me trouve dans un hall au milieu
d’une foule bruyante. Importuné par une personne qui me pose des
questions incongrues, je dis à mon robot personnel qui m’accompagne
: ‘’Ce type me gonfle, fasse qu’il se taise !’’ » (p. 56)
Les difficultés :
• Sélectionner la voix du Maître face aux autres voix
• Sélectionner les sons correspondant à des mots
• Comprendre la phrase :
• « Type », « TIP » ?
• « Fasse », « face » ?
• « Taise », « thèse » ?
• « Gonfle » : mon Maître n’a pas enflé ?!
« Comment donc pourrions-nous créer cette intelligence globale qui
nous fait être humain, puisque nous-mêmes ignorons comment nous
fonctionnons ? »
Des difficultés aujourd’hui, mais à terme ?
Universum, C. Flammarion, gravure sur bois, Paris 1888.Raphael : L’école d’Athènes (1509-1511)A.I. Artifical Intelligence (film, 2001)
23. Intelligence artificielle : Watson
Exemple d’une IA : Watson (IBM), lancée en 2006
Gagne le jeu télévisé Jeopardy! face à deux champions en 2011…
… mais surtout, depuis 2012, IBM s’emploie à le rendre capable de
réaliser certaines tâches, du fait de sa capacité à comprendre le
langage naturel :
• Traiter des quantités massives de textes pour proposer des
synthèses (nécessite un « éducateur » pour lui apprendre)
• Accompagner les médecins pour proposer un ensemble de
diagnostics possibles suite à l’étude de l’anamnèse du patient
(quelle place pour
l’instinct ? Y a-t-il une perte de connaissance ?)
• Trier des e-mails dans une grosse entreprise selon leur
importance pour faciliter le travail des employés
• Trouver les données les plus intéressantes pour des avocats
• …
Watson est vendu à des entreprises et adapté au cas par cas. IBM
l’affiche comme un moyen d’augmenter l’intelligence humaine (et non
la remplacer).
Universum, C. Flammarion, gravure sur bois, Paris 1888.Raphael : L’école d’Athènes (1509-1511)Watson (IBM)
24. La relation médiatisée
« Nos neurones ont besoin de la présence physique des autres et
d’une mise en relation empathique avec eux. Les SMS, tweets,
Instagram et autres Facebook […] sont un pis-aller insuffisant nous
exposant à terme à de sérieuses difficultés relationnelles.
Au moindre échange émotionnel, les rencontres avec autrui
provoquent une cascade de réactions dans les circuits neuronaux. Au
moindre sourire échangé, y compris avec une personne anonyme, le
cerveau entre en résonance. » (p. 66)
Altérité, empathie… Perturbées ? Différentes ?
Mises à mal ?
Her (film, 2013)
25. Transhumanisme
Améliorer la condition humaine, l’augmenter (parfois aussi
« réparer »), tant sur le plan physique (muscles, ossature,
exosquelette…) que cognitif (stimulation, rapidité…)
Pose des questions :
• Eugénisme et sélection sociale (économique) ?
• La performance à tout prix ?
• Transformer l’humain, jusqu’où, à quel prix ?
• La quête de l’immortalité : aujourd’hui, recherche sur la vie
un peu plus longue (régénération des cellules, etc.) et
l’augmentation pour préserver le corps (remplacement
d’organes, etc.)
& « sauvegarde » d’un individu dans une entité non
biologique (ce qui relève encore du fantasme)
• Pour ce sujet comme les précédents, se pose la question de
la technique échappant au contrôle de l’Homme (Jacques
Ellul)
La transformation de l’humain = une nouvelle humanité, une
(des) nouvelle(s) civilisation(s)…
Exemple de l’étude de cas de (l’utopique) immortalité : la vie ne
serait plus du tout la même !
Deus Ex 2
27. Exercice 1
• Par groupe de 3
• Recherches (1h) et présentation orale (5 min par groupe =~ 30 min)
• Quelle place pour (penser) l’humanisme numérique dans le secteur…
• … de la santé
• … de la politique
• … de l’éducation
• … de l’information-documentation
• … de l’entreprise
• … de la défense (armée)
• économique
• … autre, au choix
28. Exercice 2
• Par groupe de 3.
• Problématique, plan, idées type CAPES (composition) à partir du texte de M. Doueihi suivant
• Vous vous interrogerez sur l’humanisme à l’ère numérique
• En ligne : https://www.cairn.info/revue-communication-et-langages1-2011-1-page-3.htm
« On est confronté actuellement aux usages et aux outils numériques qui sont en train de façonner
la production, l’évaluation, la réception et la transmission de l’activité culturelle. Dans cette
perspective, le défi des Digital Humanities ne se limite pas exclusivement à surmonter les obstacles
(importants) représentés par l’héritage de la culture de l’imprimé et du livre dans le cadre de
l’environnement numérique émergent, mais dans l’acte d’imaginer et de créer de nouveaux outils et
de mettre en place de nouvelles pratiques qui correspondent mieux à la nature de l’objet et à
l’environnement numériques. Un défi donc qui transformera les Digital Humanities en un
humanisme numérique qui réfléchit sur l’épistémologie de la dynamique historique entre les outils
et les pratiques et la transformation des objets : leur matérialité en mutation, leur transmission
dans les nouveaux formats, leur réception dans le cadre des nouvelles plateformes. Et surtout, en
tout cas pour moi, la nouvelle digital literacy, le savoir-lire et savoir-écrire associé à cette nouvelle
République des lettres marquée par la particularité de la production et de la circulation des idées,
des expertises émergentes et des documents souvent perçus comme problématiques. Un
humanisme numérique, donc, un peu à la manière de Vico, pour qui la méthode de l’étude et de
l’analyse s’inspire directement de ses objets. »