️[PLASTIQUE INCIVILITES] Alors que le #respect général applaudit les sauveurs de vie, des actes d'#incivisme viennent polluer l'#environnement terrestre et maritime.
Au-delà de l'augmentation appréciée des #sanctions financières à 135€ voire 375€, il s'agit d'une affaire de #conscience individuelle et collective #citoyenne et #écologique à rappeler sur tous les médias.
Anticipons l'objectif 2040 de fin de mise sur le marché des emballages en #plastique à usage unique.
1. La Croix -jeudi 11 juin 2020
FRANCE
Le plastique, un enjeu devenu secondaire
sous l’effet de la crise sanitaire
tMasques, gants,
emballages : avec les mesures
sanitaires, la lutte
contre l’usage excessif
du plastique redevient
un casse-tête.
tLes plus optimistes
espèrent que cette crise
servira de révélateur.
On en retrouve déjà partout.
Dans les rues, sur les trottoirs,
les pelouses. «Parfois à un mètre
de la poubelle », se désole Didier
Tournoux, chef du service pro-
preté de la ville de Besançon
(Doubs). Il comptabilise «entre 30
et 50 masques chirurgicaux » ra-
massés chaque jour par ses agents.
« Psychologiquement, ce n’est pas
simple de devoir nettoyer des ob-
jets potentiellement contaminés»,
ajoute-t-il, déçu de ce manque de
civilité, après des semaines à sa-
luer le travail des éboueurs.
Pour tenter d’enrayer le phéno-
mène, Brune Poirson, secrétaire
d’État à la transition écologique, a
annoncé que tout jet de masques,
gants, mégots, ainsi que les dé-
pôts sauvages d’ordures expose-
rait désormais à une amende de
135 € (contre 68 €). Une répres-
sion accrue saluée par Didier
Tournoux, comme par les défen-
seurs de l’environnement, qui
s’inquiètent des répercussions de
la crise du Covid sur les déchets
et la prolifération des plastiques
(nombre de masques sont en poly-
propylène).
La légitimité des gestes barrières
n’est pas en question, mais cer-
tains comportements interpellent.
Les incivilités, bien sûr, alors que
les recommandations ministé-
rielles sont claires (après usage,
les masques, gants ou mouchoirs
doivent être jetés dans un sac soi-
gneusement refermé, lui-même
jeté avec les ordures ménagères
résiduelles). Mais pas seulement.
«On voit certaines dérives, liées au
fait que l’enjeu sanitaire emporte
tout, même un certain bon sens»,
remarque Laura Châtel, chez Zero
Waste France.
La responsable du plaidoyer
cite plusieurs exemples. « L’uti-
lisation systématique de lingettes
pour le ménage, le retour des bou-
teilles en plastique dans les entre-
prises à la place des fontaines à
eau, le refus des contenants per-
sonnels dans les magasins, etc. »
Dans certains cabinets dentaires,
outre les gestes barrières clas-
siques, les patients sont invités à
placer leurs affaires personnelles
dans un sac-poubelle… qui sera
jeté quelques minutes plus tard,
après la consultation.
Difficile de trouver le juste équi-
libre entre protection de la santé
et de la planète. Mais pour Laura
Châtel, il faudrait « concilier dif-
férents impératifs, en étant plus
clairs sur certaines recommanda-
tions ». « Le flou favorise les excès
sur le suremballage ou le recours
à l’usage unique dans la restaura-
tion. Certes, poursuit-elle, le risque
sanitaire immédiat est réel, mais le
risque écologique l’est aussi…» Me-
naces pour la faune, la flore, mais
aussi la santé humaine puisque
les microplastiques disséminés à
grande échelle se retrouvent par-
tout, y compris dans notre chaîne
alimentaire.
La situation est d’autant plus
frustrante que d’importants pro-
grès avaient été faits : directive
européenne de 2018 sur les objets
à usage unique, la loi sur l’écono-
mie circulaire de février 2020 en
France, campagnes de sensibilisa-
tion, etc. Toutefois, le consultant
en environnement Christian Zelosi
se montre rassurant. «On est dans
une tendance de fond, avec des stra-
tégies de long terme et des investis-
sements lourds pour les industriels,
observe ce spécialiste des produits
de consommation. Il n’y aura pas
de recul sur l’usage unique.»
C’est aussi l’analyse de Mat-
thieu de Chanaleilles, le président
de Tri-o Greenwishes, qui accom-
pagne des grands groupes dans la
gestion de leurs déchets. «Dans les
entreprises, les bonnes habitudes
ne seront pas remises en cause »,
estime ce dernier. Il assure que la
qualité du tri chez ses clients «n’a
pas été entamée depuis le début de
la crise» – et si des masques sont
retrouvés dans les bacs jaunes, le
phénomène reste «marginal», se-
lon lui. De son côté, Laura Châtel
se réjouit que la Commission euro-
péenne comme le gouvernement
français aient «tenu bon» face aux
diverses pressions pour amender
ou repousser les régulations en-
vironnementales, notamment en
matière d’économie circulaire.
Marine Lamoureux
« On voit certaines dérives,
liées au fait que l’enjeu
sanitaire emporte tout,
même un certain bon sens. »