#GENERATION #COVD19
Pour les 18-24 ans, la crise sanitaire est synonyme de privations, notamment alimentaires, et de projets personnels et professionnels compromis.
Ils sont malgré tout une grande majorité à vouloir changer le monde et agir pour l'environnement.
♨️ Le confinement est une période d'angoisse et d'isolement.
❤️ Parmi leurs nouvelles priorités, la santé arrive en tête.
Un élan d'altruisme prend le pas sur une montée de l'individualisme par conscience que leur avenir dépendra de leurs choix et de leur implication actuels.
THIBAULT HERVE David Elena SYLVIE Sabine David Séverine Patricia Jonathan Rebecca Pascale David Dominique Laurence Daphné Cassandra Magali Sidonie Pauline Boris Julie Daniel Pierre-Guillaume Hind Marianne Francis Nicolas Diouane Simon Rosemary Marie Ramzi Catherine emmanuelle Grégory Sophie Xavier Sylvie Vinh
1. L’EXPRESS 10 DÉCEMBRE 2020
16
En couverture
I
lestloinletempsoùl’exécutiflais-
saitentendrequelesjeunesétaient
devenus les premiers propaga-
teursducoronavirusdanslepays.
Depuis le second confinement,
décrété le 30 octobre, le ton du
gouvernement a changé à l’égard d’une
génération qui, bien plus que les autres,
subitdepleinfouetl’impactdel’épidémie.
Nonpassurleplansanitaire :représentant
moinsde1 %desdécès,lesjeunessontlar-
gementépargnésparlesdégâtsliésauvirus.
Maissurlesplanséconomiqueetsocial,ils
sontparmilesplusexposés.Conscientde
l’ondedechocquis’abatenparticuliersur
les8 millionsdeFrançaisâgésde15à24 ans,
lesresponsablesdupaysonttroquélastig-
matisationpourlabienveillanceetlacom-
passion.« Leconfinementestextraordinai-
rementinjustequandonadesconditions
devieprécaire,quandonestjeune,quand
on est loin de sa famille », déclarait
EmmanuelMacronlorsdesonintervention
du4 décembresurlaplateformeBrut.
L’enquête réalisée par l’institut Elabe
pour le Cercle des économistes, en
partenariatavecL’Express,révèlel’ampleur
dutraumatismesubiparles18-24ans,qui,
lorsqu’on les sonde sur leur état d’esprit,
évoquentd’abordleur« inquiétude »etleur
« lassitude ».Car,depuismars,leurquoti-
dienaradicalementchangé,qu’ils’agisse
deleurviepersonnelle,deleursétudesou
de leurs projets professionnels. Leur uni-
vers s’est rétréci – parfois à la taille d’un
écrand’ordinateuroud’untéléphonepor-
table –,letempsdesrencontres,desfêtes,
des voyages et des concerts s’est évanoui,
toutcommeleurscertitudesetleursrêves.
Etl’isolements’estconjuguéavecunepré-
carisationcroissante.Ainsi,42 %desjeunes
Oui, j'ai retardé
des soins de santé
21 %
Oui, j'ai renoncé
à des soins de santé
15 %
Sans- réponse 1 %
N
on
63%
Non,jam
ais 51 %
Oui,parfois
34
%
Oui,
souvent
14 %
Au cours des six derniers
mois, vous est-il arrivé
de réduire vos dépenses
alimentaires ou de
sauter des repas ?
Au cours des douze
derniers mois, vous
est-il arrivé
de retarder ou
de renoncer
à des soins de santé
par manque de
moyens financiers ?
SOURCE : 800 JEUNES AGÉS DE 18 À 24 ANS, SONDAGE ELABE -
LE CERCLE DES ÉCONOMISTES RÉALISÉ DU 23 AU 30 NOVEMBRE
Une jeunesse impactée
Obligée de se serrer la ceinture
Alimentation SantéSONDAGE
Génération Covid,
confinée mais toujours
debout
Epargnéssurleplansanitaire,lesjeunes
sontlesplusexposésauniveausocial
et économique,selonl’enquêted’Elabe
pourleCercledeséconomistes,en
partenariatavecL’ExpressetFranceInfo.
PAR ÉRIC CHOL
reconnaissentquelesfoyersdanslesquels
ilsviventsontobligésdeserestreindrepour
bouclerlesfinsdemois :1sur2admet,par
exemple,avoirréduitsesdépensesalimen-
tairesousautéunrepasaucoursdessixder-
niers mois. « L’impact est très fort, com-
menteBernardSananès,présidentd’Elabe,
et ce n’est pas un hasard si les trois quarts
dessondésestimentque,depuislaguerre,
lesjeunesdeleurâgen’ontjamaisvécuune
situationaussidifficile.Maisilsnesontni
abattusniencolèreetmontrentdansleur
grande majorité une énergie pour rebon-
dir. » Touchés mais pas coulés, ils font
mêmepreuved’unvéritableoptimisme :les
deux tiers pensent que la crise ne va pas
durer et que la vie va reprendre un cours
normal dans quelques mois. Rassurante,
cettelueurd’espoirn’atténueenrienl’am-
pleurdesdifficultésprésentesetàvenir,sur
lesquellescettegénérationesttrèslucide.
« Aveclepremieretlesecondconfine-
ment,onavudisparaîtrelespetitsboulots,
les gardes d’enfants ou les jobs d’appoint,
largementoccupésparlesjeunes,avecun
impactimmédiatsurleurniveaudevieet
Ilscomptentd’abord
sur eux-mêmespour
s’ensortir,avantl’Etat
oulesentreprises
2. L’EXPRESS 10 DÉCEMBRE 2020
17
leur alimentation », détaille Manuel
Domergue,directeurdelaFondationAbbé-
Pierre.Quantauxvraisemplois,ilssonteux
aussidevenusunedenréerare.Confrontées
à l’arrêt brutal de l’économie, les entre-
prisesontstoppénetlesrecrutements,fai-
sant exploser le chômage chez les plus
jeunes (près de 20 %). « Ce coup de frein
impactel’ensembledes750000 garçonset
fillesquisortentchaqueannéedusystème
scolaire :celacréeunembouteillageetune
Etes-vous plutôt d’accord ou plutôt pas d’accord avec les affirmations suivantes ?
Pour venir en aide à la jeunesse dans cette
période, sur quel acteur comptez-vous le plus ?
(réponse citée en premier)
Après ces derniers mois, qu’est-ce qui, dans votre vie,
est plus important ou moins important qu’avant ?
Notre génération va connaître une période de chômage plus forte que les précédentes générations
Notre génération a de l'énergie pour rebondir
C'est une période difficile, mais d'ici à quelques mois on va s'en sortir
Moi-même
La santé
La famille
L’argent
Les amis / l’amour
Le travail
La réligion
La politique
Ma famille,
monentourage
L’Etat
Les entreprises
Les associations
Les collectivités locales
L'Union européenne
Pour protéger les plus âgés, on a gâché notre jeunesse
14 %
21 %
2 %
4 %
7 %
20 %
43 %
20 %
20 %
30 %
26 %
20 %
8 %
7 %
6 %
3 %
13 %
41 %
55 %
45 %
29 %
65 %
60 %
3 %
3 %
7 %
31 %
36 %
53 % 39 %
8 %50 % 42 %
8 %46 % 45 %
24 %17 % 58 %
35 %14 % 50 %
38 %
28 %
Lucide, mais confiante dans l’avenir
D’abord compter sur soi Priorité à la santé et la famille
Plus important Ne change pas
Moins important Sans opinion
Tout à fait d’accord Plutôt d’accord Plutôt pas d’accord Pas du tout d’accord
file d’attente qui va reléguer encore plus
loin les non-diplômés », analyse Anne
Brunner, qui a codirigé le rapport sur la
pauvreté en France sorti fin novembre.
Face aux risques de précarisation d’une
partiedelajeunessequiétaitdéjàsurlefil
durasoiravantleCovid,legouvernement
amultipliélesmesuresd’aides.Relancedu
dispositif« garantiejeunes »,miseenplace
du plan « 1 jeune, 1 solution », chèques de
150 euros distribués déjà à deux reprises,
création de 20000 emplois étudiants…
Nonseulementlamannedel’Etatàdesti-
nationdelajeunesse,quis’élèveàenviron
7 milliards d’euros, est loin d’être négli-
geable, mais de plus Emmanuel Macron
vient d’annoncer la mise en œuvre pro-
bable de nouvelles aides en janvier. Ces
tombereauxd’argentfraispanseront-ilsles
plaies des plus exposés à la crise? Non, si
l’on écoute les responsables associatifs,
favorablesàl’adoptiond’un« RSAjeunes ».
Une solution dont ne veut pas entendre
parlerlegouvernement,Bercyentête,tant
parprincipe– lacraintededévelopperune
culture de l’assistanat – que par le refus
d’ouvrir en grand les vannes des finances
publiques.
Les principaux intéressés, eux, se
montrentréalistes,sil’onencroitl’enquête
d’Elabe : ils comptent d’abord sur eux-
mêmesetsurleurentouragepours’ensor-
tir,avantl’Etatoulesentreprises.« Pourle
moment, on a évité la crise de nerfs, et les
jeunes se montrent très résilients, juge
Jean-HervéLorenzi,leprésidentduCercle
deséconomistes.Maisilyaencoretropde
trousdanslaraquettedel’Etat,etonesten
droitdesedemandersicettesituationpeut
tenir longtemps. » Ce qui est certain, c’est
quel’impactdelacrisen’estévidemment
pas le même pour tous, et le moral des
jeunesvariefortementenfonctiondeleur
formation.Selonl’enquêteElabe,65 %des
plusdiplôméssemontrentoptimistes,soit
20 % de plus par rapport à ceux sortis du
systèmescolairesansdiplôme.
« On est face à une jeunesse protéi-
forme,quin’apasvéculeconfinementde
la même façon selon qu’elle poursuit ses
étudesouqu’elleestsortieduparcourssco-
laire,sansparlerdesconditionsmatérielles
ou même des connexions Internet, qui
peuvent être très différentes d’un foyer à
l’autre »,expliqueOliviaGrégoire,lasecré-
taired’Etatchargéedel’Economiesociale,
solidaireetresponsable.Celle-cicroittou-
tefois déceler des indices révélateurs de
senspourlesjeunes.« Onétaitdepuisdes
annéesdansunephased’individualisme,
or cette période suscite une volonté d’al-
truismeetnousmontreàtousl’urgencede
faireévoluerlemondeéconomiqueetenvi-
ronnemental »,souligne-t-elle.
Leursvaleursetleursengagements,les
jeunes n’y ont pas renoncé : malgré ces
longues semaines d’enfermement, une
grandemajoritéd’entreeuxdéclareêtreen
capacitédechangerlemonde.Nirebelleni
révolutionnaire,encoremoinsbisounours
ou cynique, la génération Covid ne res-
semble en rien à celle de Mai 68, qui aspi-
raitàs’affranchirdumodèlefamilial :sila
moitié des jeunes d’aujourd’hui pensent
queleursparentsvivaientmieuxquandils
avaientleurâge,ilsneleurenveulentpas,
moinsde1sur2estimantque« pourproté-
ger les plus vieux, on a gâché leur jeu-
nesse ».Dansleursnouvellespriorités,les
jeunes citent d’abord la santé (65 %) et la
famille(60 %).Lapolitiquearrive,quantà
elle,enqueuedepeloton :lesgrandesidéo-
logiesnefontplusrecetteauprèsdelagéné-
rationZ.W
FrançoisSureau:Giscardetnous
Lesportamateurauborddugouffre
TheCrown,lasagaquidiviselesAnglais
Ecolesdecommerce:lepalmarès2021
n°3623semainedu10au16décembre2020
GÉNÉRATIONCOVID
Lafureur
devivreLacriselesamisK.O.
Maislesjeunessontprêts
àrebondir
3’:HIKLRC=WUY^U:?d@g@c@n@k";
M 01722 - 3623 - F: 4,90 €
Avec
L’EXPRESS
Enpartenariatavec et