L'espoir dans l'avenir passe par la cooperation et le partenariat-dgd-14.07.2017
1. S P E C I A L
PAGE 9NINE O’CLOCK • FRIDAY-SUNDAY, JULY 14-16, 2017
Vous avez commencé votre activité d’avocat
d’affaires en Roumanie il y a 25 ans. En
regardant en arrière, comment évaluez-vous
l’évolution des relations économiques franco-
roumaines et le cadre des investissements en
Roumanie?
Les entreprises françaises se sont installées de
façon durable en Roumanie et leur nombre n’a
pas cessé de croître tout au long de ces années.
Cette présence a eu, bien sûr, une motivation
économique et de stratégie de marché, mais il
n’en reste pas moins que les entreprises de
l’Hexagone y ont trouvé un milieu d’affaires
favorable aux investissements français et qui
partageait culturellement les mêmes valeurs. En
dépit du parcours sinueux que la Roumanie a
connu sur sa route vers l’intégration européenne
sur laquelle elle s’est engagée, les relations avec la
France n’ont pas cessé de se consolider. Même
pendant les années de crise économique j’ai ren-
contré peu de sociétés françaises qui ont décidé
de quitter le pays. La plupart y sont restées et ont
aujourd’hui une contribution importante au PIB
Roumain. La France est aujourd’hui le
cinquième le plus important partenaire commer-
cial de la Roumanie.
En regardant en arrière de la perspective de
l’avocat d’affaires dont l’une des missions est de
réaliser le cadrage juridique des projets d’in-
vestissements, je peux dire qu’on aurait pu faire
mieux. Il faut dire que la Roumanie a connu une
gestion toute relative dans la période de transi-
tion, qui a pu faire échouer certaines privatisa-
tions. Instabilité législative, manque de personnel
capable de s’adapter aux nouvelles règles du
marché libre, corruption, les obstacles ont été
nombreux. Puis, après son entrée dans l’Union
Européenne en 2007, la perpétuation d’un sys-
tème administratif un peu obsolet, parfois cor-
rompu, le tout assorti de la crise économique
mondiale déclenchée en 2008 ont bloqué pas
mal de projets de développement ou d’implanta-
tion Greenfield. Le boom économique du pays
qui lui a valu le titre du « tigre des Balkans », la
reprise spectaculaire de l’économie après la crise,
voir même la stabilité macroéconomique n’ont
pas suffis pour attirer plus de capital étranger, par
rapport aux autres pays de la région : la Pologne,
la République Tchèque ou l’Hongrie... Cela
parce que, à part les couts avec la main d’œuvre
ou la dimension du marché, la sécurité de l’in-
vestissement, la transparence, l’accès aux voies de
transports sont des éléments aussi importants qui
pèsent lourd dans les analyses des investisseurs,
lorsqu’ils décident de s’installer dans un pays. Au
vu du volume des investissements directs
étrangers faits dans la région la Roumanie
occupe la quatrième position dans la période
1999-2015.Tout n’est pourtant pas perdu, car ce
marché à fort potentiel reste à découvrir.
Pourquoi investir aujourd’hui en Roumanie?
Il y a au moins cinq bonnes raisons pour
continuer d’investir en Roumanie: un marché
animé par un fort appétit pour la consomma-
tion, une main d’œuvre relativement jeune qui
est encore à des prix compétitifs, un pays accessi-
ble pour la France en termes de distances géo-
graphiques, mais aussi d’affinités culturelles, une
économie des plus dynamiques dans l’UE
(+4,8% en 2016) et, enfin, un bassin d’opportu-
nités d’investissements dans tous les domaines :
infrastructures, industrie, machinisme, agroali-
mentaire, santé, services, énergie, constructions,
tourisme, etc.
Il n’est pas non plus sans intérêt de souligner
que dans le nouveau contexte de sécurité mondi-
ale, la Roumanie offre une stabilité politique et
un engagement relativement ferme par rapport
aux valeurs européennes. En plus, elle affiche une
ambition de créer des conditions favorables aux
investissements étrangers, en dépit de certaines
hésitations de la classe politique qui reste prison-
nière du jeu politique qui l’empêche de projeter
une stratégie économique cohérente sur le long
terme du pays. La preuve avec ce qu’on vit juste-
ment actuellement où le parti au pouvoir en plus
d’avoir fait tomber son propre gouvernement,
fait marche arrière même en ce qui concerne le
programme de gouvernement et les politiques
fiscales annoncées. Il est vrai que tous ceux déjà
présents en Roumanie peuvent confirmer des
marges de profit encore confortables, mais on a
besoin de stabilité législative et de prédictibilité
fiscale pour pouvoir avancer à long terme.
Quel est le profil idéal de l’investisseur
Francais?
Il faut éviter les typologies. Tout investisseur
avec une stratégie sur le long terme bien mise au
point a sa place en Roumanie, peu importe sa
taille. Le potentiel de développement pour les
PME est encore loin d’être épuisé.Toute PME en
bonne santé financière chez elle a tout intérêt de se
développer à l’international, en Roumanie, pour
acquérir une taille suffisante et pour s’assurer des
résultats pour l’avenir. Dans un pays comme la
Roumanie, qui occupe la 1ère place en Europe
pour la vitesse de l’Internet, profiter des avancées
technologiques dans tous les domaines est la
meilleure opportunité. En plus, le pays dispose
d’un cadre juridique européen perfectible et
d’une fiscalité qui reste encore avantageuse.
Vous pariez donc sur la Roumanie comme
destination des investissements français…?
Je garde mon optimisme. La Roumanie ne
laisse personne indifférent et elle est engagée sur
une route européenne de développement sans
retour. Les relations entre la France et la
Roumanie connaissent un niveau qui ne peut que
donner l’espoir et de nouveaux domaines de
pointe viennent d’être identifiés ou relancés. Je
croix que la voie la plus sûre qui offre l’espoir d'un
développement des investissements français dans
l’avenir passe par la coopération et le partenariat.
Que signifie pour vous le 14 juillet, quand on
fête le Jour national de la France?
Le 14 juillet est le jour où tous les Français
et les francophones renouent leur engagement
en faveur des symboles de la France qui sont
« liberté - égalité – fraternité ». C’est aussi un
moment de grande émotion pour moi, car
c’est la Fête Nationale d’un pays qui est
devenu le mien et qui m’a offert le meilleur
cadre pour mon devenir professionnel.
L’espoir dans l’avenir passe par la coopération
et le partenariat
Entretien avec Dana GRUIA DUFAUT, Avocate aux Barreaux de Paris et de Bucarest, Fondateur du Cabinet GRUIA DUFAUT